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est la meilleure façon d'amplifier une guitare classique ?
D'abord il faut savoir que l'oreille humaine n'entend pas de la même façon
(équilibre des différentes fréquences
) un signal sonore
à un niveau de décibel X et le même signal mais à un
niveau de décibel supérieur . En d'autres termes, l'oreille déforme
un signal amplifié. A partir de là, l'idée d'avoir le son
acoustique après amplification apparaît comme la quadrature du cercle.
Cependant pour le musicien exigeant, il reste le microphone et les enceintes,
le tout de très bonne qualité cela va sans dire. Ce qui signifie
un coût exorbitant et une utilisation peu commode sur scène.
Si l'on est moins exigeant, on peut opter pour des systèmes piezzo, en
étant conscient de leurs limites. J'ai eu l'occasion par exemple de travailler
pour des musiciens jouant avec bandonéon, piano
et pour lesquels j'ai
installé des systèmes mixtes (piezzo-micro) . C'est un compromis
intéressant, pour un coût relativement réduit. Pouvez-vous
nous parler de l'UNFI et de votre rôle au sein de cette institution ?
L'UNFI, Union Nationale de la Facture Instrumentale, est née en 1982.
C'est une association qui regroupe des luthiers professionnels de diverses familles
d'instruments (instruments traditionnels, baroques, archèterie, violons,
guitares
) Longtemps, son but a été de rechercher des lieux
et des façons collectives pour présenter les instruments et promouvoir
la facture instrumentale. Mais aujourd'hui l'idée motrice est davantage
la formation continue. Nous avons commencé depuis 2 ans un travail de recherche
autour des bois de lutherie, leurs propriétés
et en parallèle
une formation en acoustique musicale. Ceci en collaboration avec Vincent Doutaut,
acousticien, et responsable du Pôle d'Innovation de l'ITEMM. C'est
une démarche instructive et stimulante que de réfléchir avec
des personnes ayant un angle de vue différent sur le phénomène
sonore, soit parce qu'ils fabriquent d'autres instruments, soit parce qu'ils sont
chercheurs, acousticiens, chimistes
Tout éclairage nouveau sur
le son, le bois
alimente le travail de l'atelier. C'est vital pour la facture
instrumentale dite "Artisanale". Quels sont les luthiers
(artisans ou fabricants en série) que vous appréciez et qui vous
ont influencés ? En plus des personnes que j'ai déjà
citées, il y a évidemment tous ces luthiers "historiques"
dont j'ai pu admirer le travail dans les musées ou à l'atelier lors
de réparations (Grobert, Lacote, Simplicio, Barbero, Fleta
) Il y
a aussi ces collègues avec lesquels j'ai pu partager des instants de réflexions
sur notre métier, A.Queguiner, M.Dupont, D.Lesueur
Pour ce qui
est des luthiers étrangers, les regards sur la guitare de gens comme Sallsman
, Humphrey, ont éveillé ma curiosité. J'ai également
apprécié la rigueur de travail de Yuichi Imai ou Maurice Ottiger.
Mais j'en omets bien d'autres sûrement qui, lors de salons, de rencontres
informelles,
ont contribué à ce que je suis devenu aujourd'hui.
Quels sont vos délais de fabrication
? Ma façon de travailler
me permet de réaliser entre 15 et 18 guitares par ans, avec un délai
de fabrication qui varie de 4 à 6 mois.
Propos
recueillis par Jacques Carbonneaux
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