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exposition au Japon montre bien que la lutherie Française s'exporte. Comment
s'est passée cette exposition ? Comment sont considérés les
luthiers Français à l'étranger ? Leur renommée est-elle
acquise ? Pour parler du domaine que je connais le mieux, la guitare
corde nylon, la lutherie française possède à l'étranger
une image de haute qualité. Nous devons bien sûr cela à tous
ces grands luthiers français qui nous ont précédés
et qui nous ont ou nous inspirent encore. Je pense particulièrement à
Robert Bouchet, Daniel Friederich
Mais " rien n'est jamais acquis à
l'Homme !
" comme dit le poète, et ce que nous présentons,
au Japon ou ailleurs, doit être irréprochable, car l'esprit critique
s'est affiné et de plus, nos collègues japonais, allemands, anglais,
américains
réalisent eux aussi de superbes guitares ! En
ce qui concerne plus particulièrement le marché japonais et plus
largement asiatique, dans lequel je suis rentré il y a maintenant 10 ans,
les choses ont bien changé. Fini l'époque de la "bulle économique",
période où les musiciens, les magasins, les amoureux de la guitare,
achetaient tout et à n'importe quel prix. On est revenu à la raison
où le temps, la reconnaissance, la confiance sont "rois". C'est
une bonne chose car cela permet d'estimer son travail à sa juste valeur,
à laisser encore la place à la remise en question et donc à
la dynamique de recherche. Enfin j'aimerais conclure par la pratique instrumentale
qui est surprenante au Japon. Vous rencontrez de nombreux guitaristes amateurs
de tout âge, j'oserais dire"de 7 à 77 ans", et d'un très
bon niveau. La guitare y est un instrument très populaire
Vous exposez à la vente vos guitares
dans différents magasins, en France et dans quelques pays comme la Suisse
et la Belgique. N'est il pas frustrant, tant pour le luthier que pour l'acheteur,
de ne pas être en contact pour la réalisation de l'instrument ? Etes-vous
contacté par ceux qui achètent vos guitares dans ces magasins ?
Le travail avec les magasins m'est vite
apparu comme indispensable. Etant installé en province, j'avais dès
le début la nécessité d'avoir un lieu de présentation
à Paris. Et de fil en aiguille cela s'est transposé à l'étranger.
Mais j'ai toujours gardé un contact direct avec une grande partie de ma
clientèle. C'est vrai, j'aime entendre les souhaits et les avis des guitaristes,
et c'est très certainement réciproque. Et je me rends régulièrement
dans les magasins avec lesquels je travaille ( au moins sur l'Europe ). C'est
souvent l'occasion de rencontres parfois imprévues
Il m'est aussi
arrivé qu'un client qui avait acheté son instrument dans un magasin
soit venu me voir après-coup à l'atelier. Un retour au source en
quelque sorte!! Mais de fait, je reçois régulièrement
des courriers ou des appels téléphoniques de clients qui désirent
avoir de plus amples informations sur leur guitare. Et puis les magasins me
permettent d'être présent dans de nombreux endroits de la planète
en même temps, c'est la mondialisation !! (rires ironiques) |