Cet article qui présente les travaux du luthier Benoît Lavoie sur la guitare moderne est un complément au dossier "Itrack, étude acoustique" que je vous invite à lire ici. Lien également en fin de cet article.

Actuellement, la guitare moderne qui occupe pratiquement 100% du marché repose sur des concepts traditionnels qui ont très peu évolués depuis les 75 dernières années.

Ces concepts ont été modelés par le temps un peu comme la sélection naturelle et certains éléments de la guitare sont comparables à des gènes.

Un bon exemple est la guitare archtop qui a hérité de plusieurs caractéristiques du violon : les essences de bois, les ouïes, le cordier et le chevalet sont quelques témoins de cette origine.

L'emplacement de la rosette qui n'a pas changé depuis le luth est un des plus vieux gènes de la guitare acoustique. Mais ces gènes sont-il si parfait pour rester immuable pendant des siècles? Voilà une des questions que je me suis posé.

Dans le monde de musique, la tradition est généralement importante et les évolutions proposées par les luthiers sont rarement acceptées par les musiciens. Ceci est particulièrement vrai pour le quatuor à cordes.

Ci-dessous, deux versions du barrage en X pour guitare folk de chez Martin, repris par partiquement tous les fabricants et luthiers du monde entier. Retrouvez l'article sur l'histoire de la D-28 chez Martin.

Heureusement, dans le monde de la guitare il y a plus d’ouverture pour les nouveaux concepts. Récemment, plusieurs luthiers se sont attaqués aux traditions et ont proposé des instruments différents. Un des pionniers est le Dr. Kasha dans les années 70 qui a proposé des concepts intéressants.

Plus récemment et pour en nommer quelqu’un, des luthiers comme Ken Parker, Tom Ribbecke, Micheal Greenfield, Fred Kopo et Gérard Audirac ont eux aussi proposé des instruments s’écartant de la tradition.

Encouragé par les travaux de mes confrères, j’ai aussi développé quelques nouveaux concepts ces dernières années. Deux de mes nouveaux concepts pour la guitare archtop et deux de mes nouveaux concepts pour la guitare flattop sont présentés dans ce texte.

La principale modification proposée sur les nouveaux concepts exposés dans ce texte est le repositionnement des ouvertures pour maximiser la surface de vibration.

L’hypothèse effectuée lors de l’élaboration de ces concepts est que la position des ouvertures a peu d’influence sur le son rayonné par la guitare.

Cette hypothèse a été validée avec les mesures acoustiques et le I-Track. Effectivement, les mesures montrent que les ouvertures permettent le rayonnement des basses fréquences (sous 225 Hz). À ces fréquences, la guitare est très omnidirectionnelle donc la position des ouvertures à peu d’effet sur le son propagé.

Le luthier est donc libre de repositionner les ouvertures sur l’instrument. Il est quand même important d’ajuster le rapport entre la surface d’ouverture et le volume d’air pour que la résonance acoustique de la cavité que forme la guitare soit à peu près équivalente à celle des concepts traditionnels.

Avec le repositionnement des ouvertures, la table d’harmonie devient plus grande et le luthier doit adapter le barrage. Les prochains paragraphes présentent les différentes solutions pour les barrages qui ont été évalués sur ces nouveaux instruments.