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Album "Meds" Placebo
13 Mars 2006

On l’attendait avec impatience : le nouvel album de Placebo.

Après Sleeping with Ghosts qui avait pris un tournant un peu plus électro et expérimental, ne faisant d’ailleurs pas l’unanimité auprès des fans de la première heure, on se demandait quelle direction allait prendre ce nouvel opus.

Dès les premières notes, le trio annonce la couleur : MEDS sera un retour au rock, au son authentique et entier, plus dépouillé et moins synthétique que sur le dernier album.

Les choix du groupe pour l’enregistrement le confirment, les sessions ont eu lieu aux studios RAK (Londres) qui sont à la fois légendaires et totalement hors du temps, et pour produire l’album, Placebo a renouvelé sa confiance au producteur français Dimitri Tikovoï, qui a préconisé un retour à l’essentiel. Brian Molko a lui-même expliqué dans une interview que l’approche artistique du groupe avait été de se replonger dans leur état d’esprit du premier album. L’idée était, après plus de 10 ans de carrière, de « se remettre en danger » en utilisant beaucoup moins les effets électroniques, que le groupe maîtrise maintenant à la perfection, pour obtenir un résultat beaucoup plus brut.

Le ton est donné dès le premier morceau éponyme de l’album, Meds. On part sur les cordes graves d’une guitare acoustique, en rythmique sèche, on a l’impression d’entendre une version unplugged de I Wanna Be Your Dog d’Iggy Pop. Certains y verront aussi un lien avec Every You Every Me. Très vite, la guitare acoustique est rejointe par les riffs électriques de Stefan Olsdal, d’abord très doux puis de plus en plus pressants, soulignés par les rythmes martiaux de la batterie de Steve Hewitt. La sensualité des graves est renforcée par la voix d’Alison Mosshart, que Brian Molko a qualifiée de « Viagra à l’état pur » !!

Space Monkey est une sorte de ballade cosmique, planante et obsédante, aux paroles assez énigmatiques. Le chant haché et quasiment parlé de Brian Molko dans les couplets, filtré dans une sorte de cb, rappelle étrangement le début d’une chanson des Red Hot Chili Peppers, Blood Sugar Sex Magik.

Follow the cops back Home est certainement LA ballade de cet album, dont la beauté transpire par la simplicité et le dépouillement du morceau. Seules quelques notes de guitare au son brillant sont saupoudrées de ci, de là.

Très basique et urgent, Because I want you rappelle sans aucun doute Come Home, du premier album éponyme du groupe, avec sa mélodie effrénée et sans répit. Placebo ne nous laisse pas reprendre notre souffle sur ce morceau ultra-simpliste (trop simpliste ?...)

L’album renferme aussi quelques bijoux à découvrir absolument. Notamment, la sublime collaboration de Michael Stipe sur Broken Promise. Le morceau démarre sur les notes aigues d’un piano opposées à la voix grave, douce et ultra sensuelle de Michael Stipe de R.E.M. Alors qu’on est envoûté par cette voix et parcouru de frissons, un ras de marée de saturation et de batterie rageuse vient tout fracasser.  

Assez inattendue, la ballade Pierrot the Clown, au son ouaté, comme sous-marin, nous révèle des capacités vocales de Brian trop rarement mises en avant. Ceux qui l’accusent de ne pas savoir chanter seront bien bluffés, Brian va chercher des notes tout au fond de ses graves, et il les maîtrise parfaitement (finie la voix mal assurée de Teenage Angst !)

Quant aux tubes que l’on devrait voir sortir, je pense à des titres efficaces, dont Placebo a le secret : des lignes mélodiques simples à retenir mais non sans relief, une pêche rock unique, et bien sûr, un son génial qui leur est propre. Post Blue, Infra-red (même si les paroles de cette dernière sont un peu décevantes…), One of a Kind et sa ligne de basse puissante, trouveront  sans difficulté leur place dans les charts.

Finalement, c’est effectivement à un retour au rock bien réussi que l’on assiste, le groupe a choisi de supprimer toute fioriture inutile pour se concentrer sur l’essence même des morceaux, mais on est bien loin des premiers succès du groupe. Ce dernier a fait du chemin, s’est nourri de ses expériences, de ses diverses rencontres et collaborations ; en bref : il a mûri. Finies les provocations gratuites, la voix de Brian est beaucoup plus posée, le son est mieux maîtrisé, il se réchauffe un peu (exit le son froid et parfois totalement déshumanisé des premiers succès), mais heureusement, il n’est pas asceptisé. Afin de conserver un maximum d’authenticité, d’émotion et de « vibe » (selon les dires de Stefan Olsdal), chaque chanson a été enregistrée en un ou deux prises maximum…

Le premier single Song to say goodbye n’annonce donc pas la fin mais bien une nouvelle page dans l’histoire du groupe qui a retrouvé son essence et connaît aujourd’hui sa véritable identité musicale.

Christine - le 03/05/2006

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