| Guitare Gam,
Philippe Sabourrin
LG : Nous le savons
, tu n'es pas luthier mais l'avis d'un magasin de musique
qui peut être un brin plus objectif nous intéresse.
Que conseillerais-tu à un guitariste qui vient
chercher une guitare? Lui conseillerais-tu une guitare
de série ou une guitare luthier ? Quels seraient
tes arguments?
Philippe : Au départ
tout est une question de budget malheureusement cela
passe uniquement par là. Pour un débutant,
une guitare de luthier a tellement un prix élevé
que cela risque de pas mal le freiner.
LG : Est ce que tu vends
des guitares de luthiers ?
Philippe : Dans
le magasin, j'ai plus de deux cents guitares en stock.
D'ailleurs, je fais l'effort d'avoir quelques guitares
de luthiers. Ce sont un peu des Rolls Royce au
milieu d'un garage, elles sont mises de coté
sous de belles vitrines avec une présentation
spéciale. J'essaye d'expliquer où sont
les différences à mes clients. Autant
si l'on veut comparer avec des instruments de musique
tels que le violon ou le piano. Pour un violon, le client
saura la base minimum de prix à mettre entre
le violon, l'archer et les cordes. En guitare, c'est
un instrument convivial à jouer que tout le monde
va jouer. Au départ, les gens n'auront pas un
gros budget c'est la raison pour laquelle ils mettent
un tout petit prix forcement d'où un blocage
Pour débuter, il faut trouver un instrument correct
sans tomber dans le jouet et sans tomber sur un instrument
dans le haut de gamme. Donc on ne tombe pas sur un instrument
de luthier
LG : Pourtant j'ai remarqué
des guitares dont les prix sont relativement abordables,
ce n'est pas de l'entrée de gamme pour autant
Philippe : Tu as
tout à fait raison il s'agit d'instruments de
milieu de gamme qui sont tout à fait corrects
c'est pourquoi j'essaye d'en présenter. C'est
vrai que je me rends compte depuis quelques mois que
les avis changent, parce que c'est le travail de chacun
c'est pour cela qu'il y a Issoudun et des magasins tels
que le mien qui montrent des choses un peu différentes.
Le travail est en train de monter, on espère
que le niveau montera et que les gens nous croiront.
Il faut arrêter de croire tout ce qu'on lit sur
internet même si je suis le premier à avoir
un site internet.
LG : Qu'est ce que tu
entends par "ce qu'on lit sur internet" ?
Philippe : Souvent
sur les forums on lit un peu n'importe quoi malheureusement.
Il faut arrêter d'acheter sur " du carton
" (acheté directement l'instrument réglé
et sorti de l'usine lorsqu'il arrive au magasin sans
aucun réglage du vendeur NLDR). Le marché
devient comme cela à la fois il y a des gens
qui cherchent un instrument de musique avec un conseil
et tout ce qui s'y rapporte. A la fois, beaucoup de
gens cherchent le carton et le prix. Pour ma part, je
me situe entre les deux. Depuis vingt huit ans je fais
ce métier et quatorze ans j'ai le magasin, j'aimerais
bien l'avoir encore l'année prochaine on est
des irréductibles tant mieux. Ce que je vois
ici à Issoudun me fait plaisir.
LG : C'est un combat
difficile ?
Philippe : Ce n'est
pas un combat car c'est une passion. Mais c'est vrai
que des structures sont en train d'arriver et se fichent
pas mal des instruments, puisqu'elles ne voient qu'une
seule colonne celle de la rentabilité. Un jour,
le "pauvre" client s'en mordra les doigts.
LG : N'y a-t-il pas des guitares de série
qui soient de qualité tout de même ?
Philippe : Les guitares
de série sont de qualité ce qui est une
bonne chose. Ce qui est nécessaire c'est une
valeur ajoutée c'est-à-dire savoir les
régler, savoir faire pleins de choses autour
de l'instrument, savoir expliquer aux clients la manière
de régler les guitares. Peu importe le niveau
de gamme il faut les régler régulièrement.
Dans le magasin, je vois si souvent des instruments
corrects mais qui n'ont jamais été réglés
correctement. Les gens aussi sous prétexte qu'il
ait acheté un bon jeu de cordes le conservent
toujours sur le manche cinq ans après. C'est
mon constat quotidien. Maintenant, une partie de notre
travail consiste à faire comprendre l'intérêt
et les différences entre les guitares de luthiers
à travers nos activités.. Pour un gamin
de quinze ans je ne peux pas lui conseiller un violon
de luthier : le violon tout seul fait mille six cent
euros quant à l'archer il coûte six cent
euros ! Il m'est impossible de conseiller uniquement
une guitare à deux mille euros sinon le client
se sauve en courant chez le collègue du coin
acheter autre chose. Il faut tenir compte du budget.
Interview réalisée par Christine
Hamdi le 30/10/2005
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