J'ai déjà dit sur ce site tout le bien que je pensais de Michel Haumont. C'est lui qui m'a éveillé à la guitare, disons au jeu de guitare un peu plus élaboré grâce à son deuxième disque (je crois) "Sylvie" sorti en 1976. A l'époque j'avais bossé comme un fou, avec un ami, la tablature de "Willy O'Winsbury" que nous adorions. Très belle expérience et réussite totale puisque je sais encore jouer ce morceau.
Après "Notes de voyage" (1983), les chemins se sont séparés. J'avoue ne plus guère avoir écouté Michel Haumont, autrement que comme accompagnateur (Le Forestier notamment). Malgré les occasions offertes par notre site, je ne l'ai jamais rencontré.

Et puis hasard de la vie, ce jour, je reçois son dernier cd "Ma Guitare". De suite déballé, de suite écouté. Et…Et rien ne semble avoir changé. Michel reste fidèle à son style, sans préférence de genres musicaux. Toujours virtuose et surtout toujours compositeur, musicien sensible et inspiré. Fidèle disciple de Marcel Dadi, (Voir ses hommages dans les morceaux "April" et "Hall of Fame"), il est un des rares à avoir amener, dès le début de sa carrière, le picking vers un style moins mécanique (souvent lassant). Il fait partie des guitaristes immédiatement reconnaissables et plein d'inventivité. De ceux qui ont su transcender la technique picking et l'amener sur les chemins de traverse.

Coté inspiration, Michel est un observateur attentif qui retranscrit parfaitement ses humeurs dans ses compositions toujours très mélodiques et faciles d'accès. Facile ! D'écoute car coté technique, celle de Michel, quand on joue de la guitare soi-même, c'est quelque chose d'assez hallucinant.
Pour ma part, j'avoue avoir ressenti un lien très fort entre "Ma guitare" et "Sylvie" au niveau de la tonalité générale, de l'inspiration, presque une continuité à près de 30 ans d'intervalle, une sorte de retour aux sources. Ici, on repère les thèmes de prédilection de Michel :
- les lieux, les villes, l'humeur du moment, l'odeur d'un endroit "Curaçao", "Goutte d'or". "Chinese Temple after the rain", "Children's Walk".
- Les hommages aux 'maitres' ou amis: "April" du Dadi assez classique, le magnifique "Adirondacks" en hommage à Léo Kottke.
- Les hommage aux techniques ou styles musicaux : "Bostonian Rag", "Valse du Zénith", "Bossa sans fin".

Mon réel coup de cœur va à "Molly Hua" joué sur une pipa (guitare chinoise). Surprenant.
Tout ceci rend l'ensemble varié et plus qu'agréable à écouter, jamais lassant. Ce qui est souvent le cas des disques de guitares, avouons le.
Bonus sympathique, la tablature du premier morceau, une ballade Irlandaise "Irish Dance". Mais par pour les myopes car c'est format CD. A nous faire encore une fois regretter le temps des Vynils qui sortaient avec l'ensemble des tabla à l'intérieur en format lisible pour les plus de 40 ans. Soit dit en passant, les maisons de disques qui râlent contre le P2p feraient bien d'offrir ce genre de plus réellement attractif (manque d'imagination ?).
Les notes de pochettes sont en Allemand, Anglais et Français, initiative plutôt rare et bienvenue. Chaque morceau est commenté par son auteur. Parmi ces notes un passage assez amusant sur sa guitare (de rêve) faite sur mesure, ou Michel rend hommage aux luthiers Français, tout en s'étant fait faire une Takamine !!!
La production et la prise de son de Peter Finger sont impeccables de précision et de chaleur. Du grand art aussi.

Ne reste qu'une interrogation que m'a posé le commentaire de "Children's Walk", cette Sylvie est-elle la même que le morceau l'album de 1976 (Une extraordinaire valse sur une 12 cordes sonnante et puissante comme un clavecin. J'en ai encore mal au doigts).

Lire la chronique de la master Classe que Michel Haumont a donnée lors de la 16 ème édition de la convention de guitare à Issoudun

JPH

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