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MICHEL YVES KOCHMANN

Parmi les autres rencontres décisives, celle avec Jane Birkin lui fournit l'occasion d'endosser l'habit de directeur musical, toujours sous l'impulsion de Michel Coeuriot. Une première tournée en 87, puis une deuxième après la mort de Gainsbourg, toutes deux sources de quelques sueurs froides. " La rencontre avec Jane a été humainement marquante. J'en garde un très bon souvenir. La direction musicale est une sacrée responsabilité. J'étais aussi musicien sur scène, ce qui n'est pas toujours le cas. La fonction implique d' étudier les arrangements originaux des chansons et de les adapter pour la formation qu'on a...En fait cela crée un rapport particulier avec l'artiste car on en devient l'interlocuteur principal. J'avais une basse, une batterie deux guitares, et deux claviers. La 2e fois, on m'a donné " Manon " à arranger 3 jours avant les répétitions. A l'origine, c'est un arrangement de cordes de Colombier. Le titre ne se prêtait pas à un arrangement pour une rythmique comme j'avais. Trouver une astuce pour y arriver est vraiment intéressant. Ça pousse à la créativité, mais ça fait très peur!. Parfois c'est juste intéressant de faire une autre version. Sur le titre " Nicotine " j'avais trouvé un arrangement rock proche de l'original pour la 1ere tournée. Lors de la seconde, j'ai profité de la présence de Jean-Yves Bikialo à l'accordéon pour essayer une version cajun. "

Souchon, Birkin..puis Laurent Voulzy..En 1988, atterrissage sur " Aviateur ", titre de Véronique Jeannot réalisé sous la houlette de ce dernier. Deux ans plus tard, Michel-Yves le retrouve sur l'album " Caché derrière " où au milieu du gratin des guitaristes français, il viendra comme ses camarades déposer une note sur le titre " Guitare Héraut ". Un prélude au " Voulzy tour " qui sillonnera les routes en 1992, où, la tête entourée d'un bandeau Richardsien, il gratifie le public d'un flamboyant et mémorable Rockcollection entre autres succès de l'alter ego de Souchon.
Sa route se trace au rythme de musiques de publicités, de collaborations avec Louis Chedid, Elsa, Renaud, Clémence Lhomme, les Cherche-Midi ou le groupe Images entre autres. Puis, virage à 180°. Son curriculum vitae s'enrichit d'un épisode plutôt inattendu en 1998: des concerts avec Luciano Pavarotti.
" Je travaillais sur une émission de télé où il y avait une section de cordes dirigée par Christophe Briquet...Ce dernier m'appelle 3 jours après en me disant : Pavarotti va jouer avec nous, il a besoin d'un guitariste. Je lui ai dit " t'es malade, c'est pas possible! ". Il insiste en m'assurant que ça ira très bien. On descend à Lyon où Pavarotti jouait avec un orchestre qui venait de Budapest...il y avait des morceaux supplémentaires qui nécessitaient une basse électrique, une guitare électrique, un accordéon, ou du piano. A la fin du concert qui se passe plutôt bien, je suis convoqué par le régisseur du maestro avec le bassiste et la pianiste. On étaient sûrs de se faire engueuler. On passe des rangs de sécurité énormes à côté desquels ceux de Mick Jagger font pâle figure. En fait, il comptait faire Caruso, titre fétiche, pour le récital des 3 ténors à l'occasion la coupe du monde de 1998. Il voulait savoir si on était d'accord. On a bien sûr dit oui et répété plus d'une semaine juste pour ce morceau. Le défi était intéressant, mais déroutant! C'est absolument atypique!"
Dans cette carrière pléthorique, le guitariste n'oublie jamais de réveiller le citoyen qui sommeille en lui. Il offre ainsi régulièrement son jeu à des associations pour des parenthèses humanitaires sans " chercher à s'acheter une bonne conscience ". L'album " Entre sourires et larmes ", " Sol en Si ", ou " Make a wish " plus récemment. Et bien entendu, les Enfoirés qu'il retrouvera pour la prochaine édition à Strasbourg au début de l'année prochaine. Transparent, il précise " Certes, contrairement aux chanteurs qui participent à ce spectacle là, c'est un boulot pour lequel nous sommes payés, mais bien en dessous des barêmes habituels, ce qui est normal pour une cause de ce type. On fait bien entendu cadeau aux restos du coeur des droits des cd, dvd, et de la diffusion télévisée. Loin de moi l'idée de me plaindre, mais il faut reconnaître que c'est stressant et épuisant! On déchiffre près de 70 titres en très peu de temps pour les nombreux medleys. On répète en 3 jours avec les chanteurs. On est sous tension permanente, mais quand à la fin, je vois arriver les bénévoles, je suis content et je me dis que ça valait la peine. "
En dehors de la scène ou des studios, la télévision le sollicite également. Taratata, les Victoires de la musique ou Nouvelle Star par exemple. Si vous avez suivi la dernière édition de cette émission au printemps dernier, vous l'avez certainement entraperçu se partager les guitares avec François Bodin, autre maître du genre. Ou accompagner plusieurs fois Tigane, le finaliste groover dans des guitares voix, avec qui " c'était vraiment facile de jouer ". Plutôt inhabituel, le jury met régulièrement en lumière les musiciens, dirigés par Olivier Schulteis. Une presque première dans des émissions où ceux-ci servent en général de vague décor d'arrière plan. " C'était plutot sympa, on a même eu un article dans VSD "
Là où un tel parcours aurait pu faire enfler n'importe quel tour de tête, Michel-Yves Kochmann reste humble...et surtout pas blasé...il se délecte toujours de ses publics préférés, ceux où " c'est la pagaille et où ils sont énervés ", s'émeut encore des compliments. Reste lucide " rien n'est jamais acquis, le boulot devient de plus en plus difficile pour les musiciens ". Lorsqu'on lui fait remarquer sa capacité de travail, il explique qu'en dehors de son indéniable côté hyperactif, " il serait très snob de refuser du boulot quand on a la chance d'en avoir même si parfois, il y des périodes très intenses " Ce fut le cas l'hiver dernier où, il cumulait répétitions des Victoires de la musique le jour et play backs pour une émission de TF1 la nuit. Tous ceux qui l'ont croisé, soulignent son ouverture d'esprit, mais surtout, sa simplicité. Son site internet, né en septembre 2005, en donne un reflet fidèle. Alors que sur la toile, artistes ou musiciens se manifestent de façon ponctuelle, lui se montre très disponible auprès des visiteurs en discutant avec eux, ou en répondant à leurs questions.
" L'idée d'avoir mon site me gênait..j'avais peur du côté prétentieux de la chose. En fait, c'est mon webmaster, Laurent Fourcade qui a su me proposer un projet intéressant, car je ne voulais en faire un qu'à la condition qu'il soit un peu rigolo. Il marche pas mal puisque nous avons en moyenne 12 à 13 000 visiteurs par mois. Au début, je ne savais pas ce que ça allait donner. J'ai commencé à poster mes news et j'ai vu que les gens réagissaient. Du coup, je me suis pris au jeu, et dès que je peux, je relate mes activités professionnelles, ou certains de mes coups de coeur perso...Je suis étonné de voir qu'il y a des gens qui se connectent tous les 2/ 3 jours..Je crois que c'est le côté vivant qui plaît. En janvier dernier on a atteint les18000 visites. Mais c'était dû aux news sur les Enfoirés. Et aux fans d'Alizée qui avait appris ma petite participation à son dernier album! " Pour la petite histoire, certains indélicats l'avaient appelé à son domicile pour en savoir plus, l'obligeant à se mettre sur liste rouge. Aujourd'hui, l'actualité du site, c'est bien sûr " Only guitars " son 6e album solo. Avec un accueil plutôt positif. " J'ai reçu un mail dithyrambique et touchant de Jean-Jacques Goldman. Il craignait un disque de démonstration, et en écoutant il a trouvé que la démonstration était au service de la musique. Souchon m'a dit qu'il avait beaucoup aimé. Il a adoré Winnie's song, trouve que c'est un tube. Certains internautes aussi se sont exprimés sur mon forum. Ce sont des réactions qui me font vraiment plaisir" Et des rêves, il en reste? " Rencontrer Keith Richards! " lâche-t-il sans réfléchir. Jouer avec? " Encore plus evidemment! " Même si " je serais pétrifié devant lui ", concède ce timide. Un rêve de guitariste qui ajouterait à son arc, la corde ultime...

Pour en savoir plus : http://www.myk.fr

Véronique Chaouat - Le 18/10/2007

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