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SPAIN : She haunts my dreams

(2ème album paru mi 1999) - Label : Restless Rec
Site: www.worldofspain.com

Un trio : basse sensuelle et voix chaude, une guitare délicate, une batterie sensible et discrète, ça ne vous dit rien ? Celui qui a dit 'POLICE' est prié de se déconnecter du site. Ca ne nous fait pas rire du tout. SPAIN, puisqu'il s'agit d'eux, est aussi proche de POLICE que Julio Iglesias du Flamenco. Ce jeune groupe, leur 1er disque, 'the blue moods of Spain' date de 1995, est emmené par le bassiste-compositeur-chanteur Josh Haden. Il est le fils de Charlie Haden, contrebassiste de jazz de légende (au caractère affirmé). Si le papa a certainement influencé le choix de l'instrument de Josh, la musique, même si elle frôle parfois avec le jazz ('bad woman blues', 'waiting for you to come'), reste dans le monde folk-rock-blues.

En fait, comment qualifier cette musique ? Elle prend tellement au coeur qu'on a l'impression qu'elle ne s'adresse qu'à soi. Tout y paraît si simple, à portée de main, humain. Les intro de basse apaisantes, les accords cristallins des guitares acoustiques, les mélodies épurées. Des chansons lentes, belles, qu'on écoute en boucle, qu'on voudrait interminables, suspendues en l'air, hors du temps et des modes. Le premier album était déjà un Ovni, celui-ci confirme. Josh Haden chante, comme personne, les blessures du coeur, pose les questions essentielles sur l'Amour, auxquelles personne ne sait et ne saura jamais répondre. Lui-même ne cherche pas de réponse. Si le son de Spain est immédiatement identifiable, c'est bien par l'apparente simplicité des chansons, et leur impact immédiat. Les mélodies craquantes, à pleurer, de 'Nobody has to know', 'Before it all went wrong', 'hoped and prayed' ont un effet foudroyant. La musique de Spain possède le paradoxe d'être à la fois bourrée de grands espaces, amenés par les guitares acoustiques et électriques langoureuses (slide, bottle-neck, jazzy), et en même temps très cloisonnée, intime, par la voix, la basse ronronnante et mélodique, à peine effleurée. Avec entre les deux, une batterie qui caresse (prouesse pour cet instrument), plutôt jazzy, aux sons de cymbales interminables. Par ci, par la, des cordes, trois ou quatre notes de piano de rêve. L'écoute de ce disque est une immersion totale. Si l'on écoute plus attentivement, en tant que musicien, on découvre la subtilité de la production (par exemple le contre-chant d'orgue de 'Nobody has to know'). La prise de son est magnifique, mise en valeur de la voix, mixage parfait des instruments. En tant que guitariste, on sera déconcerté par la simplicité des accords, beaucoup de mineurs (inutile de chercher les tablatures sur Internet) mais impressionné par la subtilité des guitares, et surtout leur enchevêtrement parfait, par ces solo réduits à quelques notes essentielles, ces nappes de slide mélancolique, ce dobro au bottle-neck, ces acoustiques chaudes, et cette basse, économe mais tellement mélodique. J'imagine que le matériel doit être de grande qualité, guitares aussi bien qu'ampli et micro. Qualité musicale, mais aussi émotionnelle comme seuls certains instruments, habités par l'âme de leur luthier, savent en donner. Il n'y a pas de hasard. Par curiosité, allez visiter l'atelier d'un luthier, sentir le bois, discuter avec lui, et vous comprendrez.

Il m'est difficile d'aller plus loin avec Spain, les mots manquent pour traduire des émotions aussi fortes. Personnellement, malgré sa mélancolie, cette musique ne me déprime pas, au contraire elle me rassure, me donne chaud au coeur, m'aide simplement à vivre.

JPH

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