Laguitare.com : Environ un an après le disque-livre "Autour de la Guitare", c'est au tour du concert d'être au centre de l'actualité de la guitare. Jean-Félix Lalanne et toi apportez beaucoup à la guitare, quelles sont tes impressions sur cette année, as tu noté un changement ou une évolution ?

Michel Haumont : Je ne sais pas si Jean-Félix et moi apportons beaucoup mais ce qui est sûr c'est que nous avons remarqué, lui et moi, que, contrairement à ce que des "majors" ou des organisateurs de concerts pourraient imaginer, dès qu'on fait des propositions au public de projets autour de la guitare qui sortent un peu de l'ordinaire ou qui soient intéressants, le public se retrouve très nombreux. Cela veut dire qu'il y a vraiment un public pour la guitare.
Je ne pense pas que des choses aient changé mais les deux événements de cette année, et le disque et le concert, permettent de mesurer qu'un réel public de guitare existe.

Lg: La Guitare a un public qui lui est propre et ces réalisations mélangent des guitaristes et des artistes de variété. Grâce à ces derniers, le grand public peut-être sensibilisé à d'autres horizons musicaux, ne crains tu pas faire "grincer les dents" des guitaristes puristes?

MH: Pour les guitaristes vraiment puristes, c'est-à-dire ceux qui détesteraient la chanson, et j'en connais peu, nous faisons des concerts. On ne fait pas que cet Olympia ou le disque "Autour de la Guitare", nous faisons nos disques et nos concerts. Les puristes peuvent nous retrouver dans des concerts plus traditionnels.
Dans le projet de Jean-Félix, et c'est aussi l'idée du bouquin, on tente de réveiller l'appétit de guitare et la tendresse qu'on les gens pour la guitare. Tout le monde en a joué un jour, il y en a toujours une qui traîne dans un coin. C'est ce lien passionnel avec la guitare que ce genre de concert vient réveiller. Les puristes sont beaucoup plus informés, beaucoup plus pointus dans leurs choix et leur fréquentation des concerts.

Lg: La présence d'artistes de variété connus ne va-t-elle pas un peu gommer le grain et la particularité de la soirée, à savoir la présence de nombreux guitaristes ?

MH: Non, je ne pense pas du tout que les chanteurs fassent de l'ombre aux guitaristes. S'ils sont venus participer au disque ou s'ils participent au concert, ils viennent se régaler parce qu'eux mêmes jouent de la guitare. Ils sont là pour se faire plaisir et faire plaisir aux gens qui écoutent. Ce n'est pas humanitaire, ils ne viennent pas défendre la cause de la guitare.

Lg: De ton côté, n'as tu jamais songé à mettre ta guitare et ton inspiration au service d'autres artistes plus grands publics ?

MH: En général ces choses là se font par hasard. Ca m'est arrivé de travailler avec des chanteurs, et cela continue d'ailleurs. A chaque fois, ils m'ont demandé des musiques de chansons. Autant je fais des choses très mélodiques autant je pense que ce n'est pas adapté à des chanteurs. Cela vient sans doute du fait que moi-même je ne chante pas.

Lg: Sur quel modèle de guitare vas-tu jouer à l'Olympia ?

MH: Sur une Takamine et avec un peu de chance sur un modèle signature portant mon nom. Si le modèle est prêt à temps je jouerais sur ce modèle sinon sur une autre Takamine.

Lg: Quels sont tes projets à venir ?

MH : J'aimerais bien que le concept du disque (des chanteurs et des guitaristes jouant des standards) soit développé en Angleterre et aux Etats-Unis. En prenant les morceaux originaux. Mais il faut un réalisateur anglais ou américain pour réaliser cela.

Lg: Y-aura-t-il un "Autour de la guitare" II ?

MH : Je n'y ai pas encore pensé mais pourquoi pas…
Cela nous permettrait de mettre tout ce que l'on n'a pas pu mettre sur le premier.

Lg : Penses tu que le concert de l'Olympia va changer quelque chose à court, moyen ou long terme; que ce soit dans le public, les maisons de disques et les chanteurs, présents ou absents ?

MH: Oui, je pense, c'est un des fondements de notre motivation. C'est l'occasion de rappeler que c'est un monde qui existe et qui est toujours vivant, qui n'est pas figé. On a bon espoir que cela va développer la confiance des maisons de disques et des organisateurs.

Jacques Carbonneaux - Julien Chosalland