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Rencontre avec
MICHEL LELONG
Interview réalisée par Antoine PAYEN
Photos de Marcel LORRE

5. Composes-tu ?

Ouaip. Mon frère m'avait dit dès le début qu'il valait mieux créer ses propres morceaux plutôt que de massacrer ceux des autres... Sérieusement, c'est ce domaine là qui m'attire le plus... Mais une fois le morceau composé, il m'intéresse moins. Je préfère chercher autre chose ou décomposer le morceau pour le reconstruire par exemple en changeant la tonalité, je m'ennuie vite sinon.
L'improvisation m'attire de plus en plus, j'ai d'ailleurs du mal à conserver mes idées par écrit actuellement, contrairement à mes débuts. L'arrangement est aussi un défi que j'essaye de relever, et j'adore jouer ou arranger pour des chanteurs, expérience malheureusement trop peu fréquente...

6. Quels instruments possèdes-tu, lesquels joues-tu le plus souvent et pourquoi ?

Je possède deux Martin (D28 et D16), une Lowden cordes nylon Jazz, une Di Georgio brésilienne, un Dobro, une douze cordes Yamaki, une Telecaster, une Vox électrique demi-caisse ... J'utilise les guitares Martin le plus souvent car ce sont des guitares "franches" et "honnêtes" sur lesquelles on se doit de garder la forme, et j'aime retrouver le son des guitaristes que j'affectionne qui utilisent souvent des Martin ou des copies... J'aime le son traditionnel, ce qui ne m'a empêché d'essayer des guitares comme les Ovations comme tout le monde dans les années 80 (pour le côté électro-acoustique) à l'époque où il était très difficile de trouver des bons micros adaptables sur n'importe quelle guitare. Mais je les ai vite revendues car ce sont des guitares trop statiques, le son n'évolue pas. Mais je n'aime malgré tout pas beaucoup le son électro-acoustique pour les styles traditionnels, bien qu'indispensable pour se faire entendre par l'assistance sans avoir à s'écorcher les doigts. Depuis, j'utilise mes Martin en électro (jusqu'à quand ?), j'opterai bien, en ce qui concerne la scène, pour le "son" demi-caisse, plus authentique … à voir.

7. Y a-t-il eu des expériences particulières, rencontres ou collaborations avec d'autres musiciens qui t'ont marqué ?

Stefan Grossman m'avait proposé en 85 de réaliser des recueils sur le style Merle Travis que j'avais entre autres approfondi, puis ont suivis des recueils sur Jerry Reed et Chet Atkins jusqu'à que cette tâche laborieuse ne me lasse. Le "repiquage" note à note c'est bien, mais point trop n'en faut ... On y perd son âme à copier même si on en apprend beaucoup ... Mais cela reste une étape indispensable à tout apprentissage musical. Et comme je n'aime pas les étiquettes, j'ai préféré faire un long break que de passer pour le "Travis" français de service (à l'époque), même si cela est très flatteur.
Mes voyages aux USA et mes bœufs avec les Hill Billy du Tennessee et des Carolines en passant par les Cajuns m'ont permis de comprendre ce qu'était une musique "traditionnelle", j'ai donc renoué avec la technique dite "Travis" pour le plaisir mais surtout au travers de mes propres arrangements ... Mais surtout, je ne veux pas m'enfermer dans ce style, aussi intéressant qu'il puisse être, ce n'est qu'une de mes influences ...
Ensuite, j'ai fait un petit (dé)tour dans la chanson française e enregistrant ma six cordes sur un morceau de Hubert Félix Thiefaine (Titre: Bouton de Rose). Plus récemment, j'ai fait une rencontre inoubliable, celle de John Jackson (hélas décédé en Janvier dernier), rencontre occasionnée par un de ses amis, le Bluesman Michael Roach, rencontré lors d'un festival. John fût le premier guitariste que j'ai apprécié dès l'âge huit ans et j'ai éprouvé une des plus grandes émotions de ma vie de quadragénaire à jouer ces morceaux à la guitare tandis que lui chantait ... Ami de Gary Davis et de John Hurt, John Jackson était un des derniers musicens authentiques dans le le style de la côte est. J'ai pris une grande leçon de musique et d'humilité, depuis j'ai bien du mal à jouer de la guitare, c'est le genre de rencontre qui perturbe ...
Il figure parmi ces musiciens dont le rythme est tellement fin et swinguant sans être démonstratif, comme tous les anciens, il n'y a pas de frime, et comme a conclu Sam Mitchell (l'ex-guitariste entre autres de Rod Stewart) lors de cette rencontre: "Cette musique ne s'achète pas".

8. La pédagogie est très présente dans ton parcours, quelle importance y accordes-tu en tant que professionnel ?

L'enseignement est indispensable à tout parcours de musicien, à condition d'être pédagogue, ce qui signifie d'être à l'écoute des gens et de ne pas mépriser leurs goûts musicaux. La pédagogie permet de s'ouvrir à des musiques qu'on n'aurait peut-être pas eu la démarche d'aller approfondir... Combien d'élèves attirés par le "hard" ou Francis Cabrel en passant par Goldman découvrent ensuite avec étonnement et intérêt les racines des musiques dites "actuelles" ? Je me délecte par le fait de transmettre en six mois ce que j'ai mis parfois des années à découvrir, quel est l'intérêt de garder les choses pour soi... De plus, la pédagogie n'est pas un travail en solitaire, les élèves, par leur vision nouvelle d'un style ou d'une musique ou par leurs questions inattendues et pertinentes, font parfois autant évoluer le prof que ce dernier ne les fait progresser ! Ils obligent constamment "l'enseignant" à se remettre en question. Est-ce cela qui fait que l'on devient un peu plus pédagogue de jour en jour (pour qui le veut bien) ?
Le fait d'affronter un débutant est le plus difficile, car tout se joue dans les bases de l'apprentissage, et pour cela l'enseignant se doit d'être le plus clair dans sa façon d'aborder le cours et le plus honnête possible avec lui-même. Le musicien-enseignant s'aperçoit souvent qu'il a oublié lui-même les lois élémentaires de la musique.

9. Tu as à ton actif un nombre impressionnant de disques, CD et vidéos : peux-tu-nous en parler ?

J'ai fait un premier vinyl en 83 ne comportant que mes morceaux, puis entre temps il y a eu les quatre méthodes pour Grossman, ensuite j'ai enregistré plusieurs fois avant de me décider à réaliser un CD en compagnie de musiciens de Bluegrass et de Blues comme Eric Gloaguen (banjo), Frédéric Hamel (mandoline), Greg Szlapczinski à l'harmo et aussi Susi Gott au violon... Cette expérience de "groupe" ponctuelle m'a fait beaucoup de bien, afin de sortir de mes habitudes de guitariste "solo", qui font trop oublier que la musique se partage (et pas seulement qu'entre guitaristes). Depuis, je préfère jouer avec d'autres instrumentistes que de retomber dans le "duel" guitaristique", sauf si cela peut se faire sans esprit de compétition technique et d'esbroufe de "m'as-tu vu" comme c'est trop souvent l'habitude chez les guitaristes, qui risquent par ces attitudes immatures de lasser le public. Si on veut une médaille, on fait de la course à pied mais pas de la musique ! Après tout la guitare n'est qu'un "instrument" de musique, autrement dit un intermédiaire.
J'ai réalisé deux vidéos pour Guitar Connection et une méthode-recueil sur le Blues de 75 pages (petits caractères, je précise) avec 99 exemples audio, composition d'étude de styles, approche théorique et ethnologique, qui m'a pris plus d'une année de travail dans la rédaction.

 

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