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Mini dossier : Guitare celtique - Texte de Pierre Bensusan

Le drapeau de la Celtie (Keltia)La musique Celtique a inspiré plusieurs générations de musiciens et s'exporte aujourd'hui partout dans le monde, comme le pollen. On s'apercevoit que la Celtie depasse de loin les contrées dites Celtiques et qu'en fait, ce terme cimente et relie bien plus de géographie. Il est aussi difficile de parler de la guitare seule car elle ne fait que puiser et s'inspirer de ce qui fait la beauté de cette musique : les gens, leurs pays et leur philosophie de la vie. Et bien que l'on voit la Bretagne, l'Ecosse, le Pays de Galles, Ile de Mans, La Galice,... C'est l'Irlande qui est au coeur. L'Irlande a donné naissance à un son, témoignage sonore de l'histoire - souvent tragique - de ce pays, de son peuple et de son héritage contemporain. Il est en effet difficile d'écouter cette musique sans avoir envie de voir les gens. Ce souci de l'unisson mélodique, poussé à l'extrême, dans les moindres appogiatures et variations, reflète une volonté acharnée de rester uni et de faire corps dans une société fraternelle qui, bien que dispersée partout dans le monde, garde conscience de son centre de gravité. La musique et l'église ont cicatrisé et cimenté la Diaspora Irlandaise. Orientaux, dans leur manière d'utiliser la voix, l'espace et le silence, dans la forme du chant a-rythmé - a capella ou pas - qu'est le Slow Air ou Sean-Nós, expression irlandaise qui pourrait se traduire par "ancienne façon", ou "custom" comme disent les anglo-saxons -  Je pense encore aux pays Arabes, à l'Inde, à la Chine... - ils sont pleinement occidentaux quand on entend le classicisme de la musique du harpiste O'Carollan qui apporta au domaine public, dans un pays où la tradition orale a toujours fonctionné pleinement,  des dizaines de morceaux enjoués, fournis en notes et en mélodies ciselées, académisées et dans lesquels la rebellion et l'affirmation du moi musical devenaient stylisées. L'Irlande a aussi sa musique Classique. Ce n'est que ces 30 dernières années que la guitare - acoustique et    électrique - fait son entrée dans le Son Celte, en France - pardon, en Bretagne - en Grande-Bretagne et aux USA - elle n'arrive que timidement en Irlande.  Instrument atypique, elle y joue un rôle d'abord modeste, elle est tolérée par les autres instrumentistes et pour rivaliser de volume avec eux, s'époumonne dans des rythmiques endiablées, souvent alcolisées. Elle sert de tapis, de repose-pied, de conglomérat vaguement harmonique et mélodique sur lequel s'assoient les pipers, violonistes, flûtistes, accordéonistes, whistles, concertinas, chanteurs et autres solistes. Petit à petit pourtant, des étrangers vont lui donner ses lettres de noblesse et l'amener au devant de la scène. Elle va rivaliser, devenir soliste et courageuse, capter l'attention, le respect et montrer qu'elle aussi, peut non seulement restituer l'essence, l'esprit et tout ce qui fait la spécificité mélodique, harmonique et ornementale de cette musique, mais ce faisant, lui apporter un courant révolutionnaire, car ses serviteurs viennent souvent d'autres cultures, ils apporteront autant qu'ils empreinteront.


Quand je pense Guitare Celtique, c'est d'abord le guitariste Anglais,
Martin Carthy, qui me vient à l'esprit. Ce musicien a revisité et donné vie à des centaines de chansons du patrimoine Britannique et  a adapté, dans un style unique, aux doigts, des dizaines de danses. Il s'est lui-même inspiré du revival Folk des USA pour redonner un peu de gloire et de confiance à l'Angleterre, saignée à blanc par les guerres, et à son folklore,débordé par la vague Pop-Rock. Il est l'inventeur d'un style et sans lui, je n'aurais, sans doute, pas enregistré mon premier album de la même manière.