Né dans le ghetto, le vrai, le baile funk inonde les favelas de Rio, à raison de dizaines de titres par semaine et une production urbaine hors norme, tentaculaire et protéiforme, à l’image du gigantisme de la ville qui l’a vue naître.
On pourrait facilement se méprendre sur la teneur sonore du baile funk : ni bal, ni funky (même si les premières productions l’étaient), c’est cette musique « caliente » qui rythme les soirées des bidonvilles au son décuplé des booty bass tout droit issues de la scène de Miami. Malgré la quantité de productions qui sortent tous les jours ou presque, le style reste méconnu dans nos contrées, pour plusieurs raisons. La première est que sa diffusion est ici plutôt limitée, la seconde est que le baile funk est une musique difficilement accessible, violente et sauvage, au point de retranscrire ce que la ville a de plus dur : textes sexuellement explicites, références aux gangs, à la violence urbaine et revendications sociales composent le terreau de cette scène qui ne caresse définitivement pas l’auditeur dans le sens du poil et s’affranchit des canons commerciaux.
Séduisante comme un flingue tiède cette nouvelle compilation dresse un état des lieux des musiques qui hantent la vie nocturne des favelas et éclipse l’éternelle carte postale musicale bossa nova / samba en offrant une vue d’ensemble sur le phénomène carioca. Appâtés par l’énorme succès des baile funk qui surfent sur le principe simple grosses basses, jolies filles et Mc volubiles, les Dj de Paris, Londres, Buenos Aires ou Berlin commencent à répondre aux nouvelles sirènes brésiliennes. On se souvient que la samba était descendue des bidonvilles pour finir sur Copacabana. Le baile funk pourrait bien suivre la même voie…. |
