Chaleur étouffante d'une fin juillet 2001 (D'accord ce n'est pas une excuse)

Ce mardi soir allait marquer une grande étape dans la vie de notre site. En effet, Julien avait enfin rédigé les statuts qui allaient nous permettre de devenir une association respectable. Respectable ? Ca, vous allez vite voir que c'est pas encore joué.
Donc, réunion tous les quatre chez Jacques pour signer les papiers. Et une réunion à quatre, c'est plus qu'un événement, car Jacques et moi habitons la province profonde (Marne la Vallée) et Cyril et Julien sont des Parisiens pur jus (pur juju en vérité, pour Julien). Après une baston géante pour se partager les titres de Président, Secrétaire, Trésorier et Barman, départ chez moi pour une super petite bouffe sympa sur notre terrasse. Comme il fait une chaleur accablante en cette fin juillet, on passe de suite à l'apéro, sans même toucher aux guitares. Exceptionnel. Et chez nous, tradition (Belge) oblige, c'est Picon bière. Renaud l'a chanté "le picon bière, c'est redoutable, même les Belges s'y attaquent pas". Et bien, si et ce sera un carnage. Le problème de ce breuvage, pourtant peu alcoolisé, c'est sa capacité à monter dans le sang à la vitesse de la lumière. Bref ! Après 3 tournées, on se sent franchement détendu. Le repas aurait du nous dégriser, mais malheureusement, chacun y étant allé de sa petite bouteille (Sancerre/ St Emilion/ Lirac), il a bien fallu assurer.
Et c'est vers 01h00 du matin, alors que Julien complètement barré dans un solo hendrixien à la 12 cordes réussissait finalement à torpiller notre version acoustique de "Imitation of life", que Jacques - le Président, il préfère qu'on l'appelle comme ça maintenant - a eu une idée lumineusement psychédélique.
"C'est très frustrant, au niveau du son, une guitare acoustique. Tout part vers l'avant. On n'a jamais le son de sa guitare quand on en joue. Ce sont les autres qui en profitent".
Et le voilà parti sur le pourquoi des oreillettes de certaines guitares (Adamas) et autres considérations acoustiques qui l'emmènent soudain à :
"Ce qu'il faudrait, c'est un casque pour guitare acoustique". Et la ! Dieu seul sait (avec l'acool et les tarpés) pourquoi, on est parti en délire.

Jean-Pol - Excellent Jacques. Je vois déjà ce casque. Une grosse ventouse, style débouche-wc, fixée sur la caisse de la guitare, prolongée par un tuyau vers l'oreille.
Cyril - Ah ! non ! Le tuyau doit partir vers une sorte de casque fixé sur les oreilles.
Julien - Et pourquoi pas deux entonnoirs fixés sur le tuyau.
Jacques - Excellent ça ! Je me demande si, pour le tuyau qui va de la ventouse en caoutchouc fixée à la caisse vers les deux entonnoirs pour les oreilles, on n'a pas intérêt a faire sous-traiter par une société qui fabrique les tuyaux de gaz. On aurait des trucs de qualité, top de chez GDF, avec en plus la date limite d'utilisation. Ce qui rassurera les professionnels. Qu'en pensez-vous ?
Jean-Pol - Oui d'accord. On dépose juste le brevet, on n'est pas des industriels. Par contre faut réfléchir aux détails. Par exemple, il faut penser à la durite qui va séparer en deux parties le tuyau unique partant de la ventouse vers les oreilles. C'est quand même la partie la plus sensible, car pour avoir un excellent rendu stéréo au niveau des entonnoirs, cette durite doit parfaitement équilibrer le son provenant de la ventouse. Il faut prévoir un potentiomètre de réglage du débit d'arrivée du son ainsi qu'un potentiomètre de "balance" entonnoir gauche/entonnoir droit. Un bon clapet devrait suffire. Pas de potard de tonalité, il faut garder le son le plus naturel possible.
Cyril - "A moins de prévoir deux ventouses et donc deux tuyaux. Cela dit, ça rend l'ensemble peu pratique, c'est plus encombrant et difficile à utiliser. Et si on mettait des pots de yaourts au lieu des entonnoirs ? Ce serait plus léger."
Julien - "Quant à la ventouse posée sur la caisse, l'idéal serait de la mettre derrière la caisse".
Jacques - "Cela risque de gêner fortement le jeu du guitariste. La fixer sur les cotés ne me paraît pas une bonne idée, ce n'est pas le bon endroit pour capter le meilleur volume sonore. Ne reste que sur la caisse, au niveau du chevalet par exemple. Mais il faut une ventouse suffisamment large pour absorber un maximum de son et en même temps quelque chose de discret. Je vais en parler à Alain Quéguiner pour voir ce qu'il en pense."
Julien - "Le challenge est énorme mais l'aventure est passionnante. Il faut absolument que je rédige le brevet."
Jean-Pol - "Et moi, les plans."
C'est à ce moment précis que Catherine (ma femme), les yeux explosés par les larmes de rire a dit :
"pourquoi vous ne faites pas un ampli écolo à éolienne".
Julien spécialiste SG, gros Marshall et disto en tout genre a embrayé aussi sec :
"Ah ouais ! en plus, pour éviter de chercher des lampes qui ne sont plus fabriquer qu'en Russie, on mettrait des bougies à la place. Y aurait qu'à aller chez Ikea en acheter. En plus, la, on aurait un super son vintage, époque XV ou XVI ème siécle".
Après, j'ai perdu connaissance. Je me rappelle juste qu'au moment d'aller se coucher, c'était quasi l'heure d'aller bosser.

C'est le lendemain en retrouvant tous les croquis et les plans que j'ai douloureusement compris que je n'avais pas rêvé.

JPH - Thierry Lamouche