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PJ Harvey
White Chalk
Sortie le 24 septembre 2007 chez AZ

Pour son 8ème album, enregistré dans l'Ouest de Londres et coproduit avec Flood et John Parish, qui ont aussi travaillé sur To Bring You My Love (1995) et Is This Desire ? (1998) (tous deux nominés aux Grammy Awards), PJ Harvey a également fait appel à la collaboration du pianiste Eric Drew Feldman et de Jim White (des Dirty Three).
Le premier single, Under Ether, sorti le 17 septembre est annonciateur de l'atmosphère de l'album. La composition de ce dernier, entièrement au piano, alors que Polly Jean est nettement plus familière de la guitare électrique, a permis, selon elle, de débrider sa créativité ; à ce sujet, elle a d'ailleurs déclaré " the great thing about learning a new instrument from scratch is that it… liberates your imagination " (" ce qu'il y a de génial quand on apprend un tout nouvel instrument, c'est que… cela libère votre imagination ").

Exit donc les grosses guitares et les hurlements rageurs, exit la femme guerrière et presque masculine, dans White Chalk, PJ ose la fragilité, je dirais même qu'elle ose la nudité.

Dès le premier titre The Devil, on est plongé dans une écoute religieuse de ce nouvel opus à l'univers à la fois grave et mystérieux que lui confèrent le choix des instruments, la production et un registre vocal inhabituel pour la chanteuse.

Le choix des instruments est effectivement surprenant : uniquement acoustiques, ils vont du piano, bien sûr, à la harpe, en passant par le violon ou l'harmonica et nous plongent dans une atmosphère vieillotte et austère, en phase avec la photo de la couverture de l'album où PJ Harvey adopte un style victorien, en rupture totale avec son look des albums précédents.

Ce choix est souligné par l'enregistrement pur et la production dépouillée (et cependant d'une rare subtilité) qui finissent de parfaire l'ambiance intime de cet album : on entend les touches du piano s'enfoncer et taper les cordes (notamment sur Under Ether), le bois des instruments travailler… en fermant les yeux, on peut les voir clairement, dans un décor de vieille maison et de lumière mystique, comme dans un film de Tim Burton ou dans une nouvelle d'Edgar Poe.
Rien n'est superflu, et c'est l'essence même des instruments qui s'exprime, ce sont leurs matériaux qui nous parlent et nous racontent des histoires de fantômes et d'esprits.

En outre, si les textes de White Chalk demeurent dans le registre habituel, sombre et inquiétant, PJ Harvey nous offre une voix différente, elle chante dans une tonalité nouvelle, au-dessus de celle à laquelle elle nous a habitués et avec un timbre fluet d'une inconsistance diaphane ; son chant frisant occasionnellement la fausse note (notamment sur To Talk to You) souligne les mélodies parfois dissonantes mais toujours sublimes et l'univers étrange de ces compositions, entre rêve et conte fantastique. PJ nous gratifie tout de même de quelques hurlements fous sur les dernières secondes du dernier morceau, Mountain, sur fond d'harmoniques parcimonieusement saupoudrées. Une délicieuse apothéose !

Tout au long de l'album, on se rend compte du niveau de maturité atteint par l'artiste : tous les morceaux sont exécutés avec un grand raffinement, ils sont intenses mais n'oublient pas de respirer, l'usage des nuances, des crescendo et decrescendo, des silences, dans le jeu des instruments comme dans la voix est parfait, tout est subtilement dosé.

Un album sublime, pas forcément accessible au grand public, mais cela n'est-il pas parfois un gage de qualité ?


Christine Moussot, 19/09/2007

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