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 Dans
son album " Cordes' ialement " Michel Dalle
Ave nous convie à une escapade , visitant ses paysages
sonores, aux couleurs doucement nuancées, aux textures musicales
denses ou légères, mélancoliques ou enjouées,
mais toujours très intimes. Car c'est bien à un peintre
que nous avons affaire, et son pinceau est une guitare. Il sait
dessiner ses émotions, nous traduire toute la palette de
sa sensibilité, exprimant ses sentiments profonds dans les
dix tableaux que son cd comporte.
On y trouvera des toiles variées, comme le vigoureux "
El taller " qui ouvre l'univers de Michel. Une pièce
énergique qui dès les premières notes offre
à nos oreilles une composition très " fingerstyle
" servie par une technique sans faille.
L'enchaînement se fait parfaitement
avec " Huelgoat " très belle pièce celtique,
intemporelle, composé par Marc le gars. (Toutes les
autres compositions sont de Michel Dalle Ave)
Arrive ensuite " Murciana ", une valse à
trois temps très émouvante, où accordéon
(Michel Mondou) et contrebasse (Grégory Ricoy) accompagnent
le compositeur. Il s'en dégage une ambiance mélancolique
et dansante à la fois. Un air qui vous envahit pour ne plus
vous quitter, que l'on serine sans jamais se lasser. Je ne vous
le cache pas, il s'agit de mon coup de cœur, et j'en connais
maintenant chaque contour, chaque détail. " Vâgue
à l'âme " nous invite au rêve ou à
l'oubli, et les deux copains d'enfance Michel Dalle Ave &
Christian Laborde forment un duo complice en interprétant
ce souffle calme et arpégé.
 C'est
un rythme latino-jazzy qui nous entraîne sur " Matthieu,
Philippe, Paul et les autres ", où Michel Mondou
revient cette fois-ci au sax, et Christophe Scheltraete à
la batterie, pour jouer avec notre guitariste et nous emmener encore
plus loin dans ce voyage, qui devient exotique.
" Fatalidad " : sans aucun doute la pièce
maîtresse de cet album. Une composition fouillée, presque
méditative, que l'auteur a dû aller chercher au plus
profond de lui-même. Malgré cette gravité, elle
coule agréablement, comme une simple mélodie…Pas
de celles que l'on fredonnent de façon anodine, mais de celles
qui vous touchent parce que vous ressentez toute l'émotion,
toute l'expression de soi, tout le travail intime qu'il a fallu
pour coucher cela sur du papier, puis sur la guitare…
" Bouca dance " :
cette pièce rythmique vivifiante est originale. Elle contraste
avec la précédente, pour mieux nous surprendre, mais
fait toutefois partie du style et de l'Univers de Michel Dalle Ave,
avec un sens mélodique et un rythme lui sont propres. Univers
que l'on continue de découvrir avec " Iglesia
".
J'aime les belles mélodies, et j'ai immédiatement
craqué pour ce tableau, avec ces notes qui restent légèrement
en suspension, donnant toute son importance au silence.
Il est clair que la musique baroque
fut source d'inspiration pour le compositeur si l'on en croit l'écoute
des " allées de la granja ". Peut-être
un clin d'œil aux compositeurs de cette époque mais
avant tout une belle et joyeuse création. C'est donc encore
dans un autre style, sous une autre forme, que nous découvrons
cet avant-dernier titre de " Cordes' ialement ".
Mais la nuit tombe déjà et " Nocturne sur l'Estey
", au titre évocateur, clôt cette série
picto-musicale , à la façon d'un au revoir, en attendant
le prochain opus. Notons l'excellente qualité de prise de
son de l'album.
Vous l'aurez compris, cet album se
veut résolument fingerstyle, sans frontières de style,
et son créateur nous dépeint avec brio ce que voient
ses yeux, ce qu'entendent ses oreilles, ce que ressent son cœur,
avec une expérience et une maîtrise instrumentales
qui ne sont plus à démontrer.
Luc Gueugneau - Guitariste
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