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Ina-Ich
De bruit, de fureur et d'amour

Ricardo

Attention, ce disque renferme des sentiments, forts, doux, violents contradictoires donc, humains.

Ils sont portés par cette furie qui vous fixe depuis sa pochette, Ina-Ich respire les emmerdes.

Cette jolie fille bâillonnée, mains liées qui vous fixe, dégage un sentiment de danger, il est clair qu'avec elle, il ne faut pas s'arrêter à la surface des choses.

Tant mieux.

Les textes, en français sont beaux, durs, lucides, aimants, haineux. Vécus ?
L'impression qui se dégage de ce disque peut varier en fonction de ce que vous êtes ou, qui vous êtes.

Ce disque va réveiller un écho familier auprès de tous ceux et celles issus d'une culture différente, ceux qui ont vécu le paradoxe de grandir dans un pays en étant élevé par des parents restés attachés à des valeurs qui ne peuvent pas entièrement être les leurs. Les autres auront parfois un sentiment de malaise voir, d'incompréhension mais en tout cas, pas d'indifférence.

Cet amour / haine / douleur / bonheur se reflète tout au long du disque. Ina-Ich n'est pas tendre, avec personne, tous ceux qui ont des préjugés prennent un grand coup de botte dans la tronche en plus, elle a une vraie conscience, écorchée vive ? Affirmatif.

Ame armée ouvre ce disque, ce titre à lui seul résume le côté brillant de son intellect et la sensibilité de son coeur. L'histoire est celle de deux hommes, soldats, dans des camps opposés, humains avant tout se trouvant au milieu d'une situation dans laquelle ils ne veulent pas être, obligés de se comporter en soldats seulement voilà… L'un pleure devant le chagrin que lui procure l'acte de tuer l'autre mais hésitant, se rend compte que l'autre vient de le tuer. Terrifiant et encore, je ne vous pas dit que la musique l'accompagnant est la hauteur de son texte, ambiance gratte punchy, synthés pour faire monter la pression et cette voix, susurrante, affirmée, hurlante, glaciale mais…si belle.

Pas le temps de réfléchir, Seul prend la relève, synthé technoïde résonnant comme un cri, regard porté sur une personne ayant sombré, malheureuse, cherchant une sortie mais voyant ses propres démons la lui barrer cette sortie et, Ina-Ich étant là, de l'autre côté de cette échappatoire lui hurlant de faire face, de venir / d'être seul.
Encore une fois, l'ambiance dans la laquelle baigne ce titre, cette voix passant du murmure au hurlement me renvoie à l'image du bonheur intense que l'on doit ressentir…entre deux coups de fouet.

Le titre qui suit touche au viscéral, à l'amour / haine qu'elle chante il se nomme Libre comme l'air, elle s'adresse dans le texte, à des / ses " parents ". Le père ouvre le bal, elle lui dit comprendre qu'il a tout quitté, famille biens pour qu'elle puisse vivre libre comme l'air mais cette fille est tranchante alors au passage elle fait aussi remarquer qu'il vit enchaîné à ses souvenirs.
La mère vient, là encore Ina-Ich ou quel que ce soit son vrai nom, semble la dépeindre avec tendresse, expliquant les regrets générés par une guère fratricide l'ayant transformée en étrangère dans son propre pays, la poussant à le quitter afin de pouvoir survivre libre...comme l'eau dans un verre.

Cruel ?

Non, Ina-Ich chante sa douleur, celle de comprendre le prix de cette liberté, elle dit à " son père " qu'elle fera de son mieux pour ne pas baisser les bras, à "sa mère " que les frontières, c'est dans les yeux des autres qu'elle les voit. Ina-Ich porte en elle les souffrances de ses " parents " ne veut pas de cette douleur, voudrait grandir sans avoir à se protéger.

Il émane un amour intense de cette chanson, s'en est presque brûlant, cette fille est incroyable tant d'émotions…Comprendra t'elle ce que tous les déracinés savent déjà ? La liberté à un prix.

Le train est la chanson métaphorique par excellence, l'amour est exclus de ce titre mélancolique, c'est une diatribe sans fin autour du leitmotiv "qu'as-tu fait de toi / que fais tu de toi". Et cette voix, toujours cette incroyable façon de chanter. Ouch.

Belle Asiatique respire le vécu. La haine aussi. Celle là, elle est pour tous ceux pour qui une asiatique est une asiatique, une poupée, un objet sexuel mais au-delà l'assimilation est encore plus condamnée, ne pas savoir reconnaître une cuisine plutôt qu'une autre, un aliment plutôt qu'un autre. Elle hurle sa haine.

Là pourtant, je suis perplexe, vraiment car si d'une façon générale pour un caucasien, une asiatique est une asiatique, pour un asiatique, un caucasien est un caucasien. Cela ne justifie sans doute rien mais, à l'occasion, je veux bien qu'elle m'explique ce qui en apparence, la rend si féroce.

Crache est l'histoire d'une rupture, une fille se fait jeter par son mec du coup elle est toute haine, Ina-Ich lui hurle de cracher cette haine, de ramasser son coeur. Elle ne semble pas connaître la douceur cette furie, il n'y en a pas dans cette chanson, c'est cru à un degré invraisemblable " crache, crache, l'amour qui hurle en toi/ne le laisse pas pourrir parce qu'un jour on dit/ dégage, dégage ton cul n'm'interese pas/ ramasse ton coeur un jour il servira " et pourtant, c'est sur ce titre que l'on peut entrevoir que cette haine ces mots durs comme un pain dans la tronche semblent être, une armure.

Le titre suivant débute toutes guitares dehors, il s'agit d'un poème doux et tendre dédié au soleil qui se lève…Bon allez, je déconne.

Il s'agit d'un titre presque dansant si ce n'était cette voix qui hurle souvent son désarroi à l'encontre d'une personne " parfaite ". Le titre ? Parfait. Écoutez ces accords de fin.

A partir de Mon Empire le disque s'adoucit, pas dans les textes mais, la musique est plus fouillée, Ina-Ich chante divinement bien sur ce titre, elle est enchanteresse. L'impression ressentie à l'écoute de ce titre est que la descente à donf de l'infernale montagne russe est finie, là, on est sur des virages qui nous ramènent à bon port.

Cela fait du bien et sa voix, est très, très belle.

Aime moi prend le relais, accords de piano, voix douce malgré des mots qui, si ils chantent un amour le font de façon absolue. Elle chante vouloir être aimée, Ina-Ich est envoûtante. Cette fille fait peur. Vous pensez que j'exagère ? Écoutez Belle O Scalpel cette histoire dune femme qui succombe / a succombé, se meurt / est morte, est là / n'est plus qu'une ombre.

Ce qui est dingue, c'est que tout cela est d'une beauté absolue, sombre, glaciale mais, fascinante .

Ce disque ne pouvait finir que sur une histoire de regrets, Sale Crapaud est celui exprimé par une femme qui ayant été belle, se voit vieillir et se trouve a la croisée des chemins, la première route conduit au scalpel la seconde, à l'acceptation de l'inévitable.

Fini.

Ce disque est tout sauf anodin, banal, il en est tout le contraire, marqué par une forte personnalité, dérangeant car direct, cru, glacé par moments brûlant par d'autres. J'espère qu'elle n'a pas tout donné car ce disque contient tellement que l'on peut le redouter. Il me reste deux choses à faire, la voir sur scène et, la rencontrer.

Ricardo le 10/11/2007

 

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