Rechercher sur
laguitare.com
L'annuaire laguitare.com
Newsletter
Services - Publicités
Annoncer - CONTACTS




 
"The Edge Of Heaven" (ref LBLC 2582 HM 83)
Gary Lucas : plays mid-century chinese pop
Commandez ce disque chez notre partenaire

  Je suis tombé sur une véritable Œuvre d'Art. L'expression peut sembler au pire exagérée, au mieux désuète, pourtant elle convient à merveille à ce dernier disque de Gary Lucas "The Edge of Heaven".

   D'abord par l'objet lui-même. Ce digipack est hors norme. Le label Indigo (Label Bleu) a amoureusement mis en valeur ce disque (pochette et livret). A en regretter le grand format de nos 33 t. Comble du raffinement et du respect, le livret intérieur est traduit en Français. On y découvrira une courte bio de Bai Kwong et Chow Hsuan ainsi que deux pages de notes de Gary en personne. Ou l'on y apprend le pourquoi et le comment de sa passion pour cette musique chinoise des années 40 / 50.
  Mais une belle pochette et un beau livret ne sont pas forcément le gage d'un disque réussi. Ce peut-être aussi une manière de détourner l'attention. Quand on connaît Gary Lucas, personnage tellement humble et abordable, ce genre de réflexion ne vous traverse même pas l'esprit. Gary, loin des considérations commerciales, ne fait que ce qu'il aime et aime surtout le faire partager. La matière de ce CD est encore plus dense en émotion que ce que l'emballage pouvait laisser prévoir. Beauté pure.
  Par chance, j'ai pu voir deux fois Gary Lucas sur scène. A chacune de ses prestations, nous avions eu droit à un ou deux morceaux de ces musiques chinoises qu'il affectionne. Que ce soit sur son "National Steel" ou sur sa Gibson acoustique hors d'age, ces interprétations m'ont fichu une chair de poule comme rarement, voire jamais, je n'en ai en concert. La sensualité dégagée par ces morceaux est une torpille qui vous atteint le cœur en une fraction de seconde. A moins de ne pas avoir de cœur, bien sur.
  Et cette sensualité, souvent masquée en studio, est la, bien présente dans ce disque à la production soignée.
  On y retrouve les morceaux instrumentaux interprétés sur scène : le splendide et pudique "Please allow me to look at you again" (ce titre !), tout en picking fin et délicat, l'impressionnant "The Wall" (rien à voir avec le Floyd) à la mélodie entêtante, ainsi que l'aérien et mélancolique "Old Dreams" qui ouvre l'album.
  Mais le grand choc arrive avec les versions chantées. Six morceaux sur les treize de l'album, avec notamment "Please allow me to look at you again" et "The Wall" qui tous deux prennent une dimension inédite. Deux voix de femmes très différentes (Celest Chong et Gisburg) viennent habiter (hanter) ces chansons. On est loin des clichés des mélodies chinoises (hormis "Songstress on the edge of heaven"). Ecoutez "I wait for your return", c'est fascinant. On jurerait du folk/blues US mais avec un je-ne-sais-quoi d'indescriptible dans le chant, la prononciation, la mélodie, qui vous faire perdre pas mal de repères musicaux.
  Et Gary Lucas, qui a transcrit ces morceaux à l'oreille, y apporte une touche unique. Le jeu de guitare, essentiellement acoustique (National et Gibson acoustique), est exemplaire. La "patte" Lucas est immédiatement reconnaissable. Parfois, assez curieusement, on est quasi dans du picking US traditionnel "Pretense", ou dans le véritable petit bijou qu'est "If i'm without you". Il réussit même la prouesse de nous offrir un morceau limite rock "Where is my home", tout en slide.

  Gary, dans ses notes, nous explique son parcours initiatique et amoureux par rapport à cette musique. La joie qu'il a toujours eu de faire découvrir ces morceaux. L'accueil extraordinaire que tout le monde réserve à ces chansons. Aujourd'hui, sans aucune attente commerciale, il nous offre un joyau (et bravo au label Indigo de permettre de telle sortie). Bien lui en a pris. Plus qu'un disque, c'est un véritable pont qu'a jeté Gary entre ces deux géants méfiants, USA et Chine, que tout semble séparer et qui, ici, se retrouvent étrangement proches.

Jean-Pol le 5 octobre 2001
jph@laguitare.com

Commandez ce disque chez notre partenaire



A ne pas manquer :
Gary Lucas sera en concert au reservoir le dimanche 11 novembre