Une question liminaire…
Pourquoi les morceaux de ce disque sont-ils plus inspirés que les autres morceaux instrumentaux que l'on entend habituellement ?
Est-ce parce que les artistes qui jouent " fretless " sont plus ouverts que les autres ou est-ce la particularité même de ces guitares sans frette qui poussent les guitaristes à explorer et enregistrer autre chose qu'une succession de notes ?

David Fiuczynski (guitariste jazz-rock) illustre bien cette interrogation. Ses petites notes qui vont et viennent sur le manche nous conduisent à divaguer au gré de sonorités acoustiques riches. Si certains guitaristes n'apportent pas grand chose au disque (Bumblefoot, Franck Vigroux malgré son investissement dans la guitare sans frette), d'autres nous emmènent dans de drôles de monde. C'est le cas de Stephen James Taylor, qui n'hésite pas à nous conduire dans un village où l'on rencontrerait Team Laser et ses drôles d'engins, des musiciens arabes à un coin de rue… parfois une fanfare traverserait le village "Guitare sans frette ", les guitaristes du sud ouest amèneraient leurs mélodies et leur accent…

La guitare " fretless " rend toute sa splendeur quand elle est acoustique. Telle l'huitre qui renouvelle son jus, elle n'a de cesse de se régénérer..
Yan Vagh l'a compris. Il est un habitué de ce type de guitare. Sur cet album il joue en terre connue. Son jeu est rapide et inspiré, plein de " glissando " et d'harmoniques. " Les cordes bleues ", second titre de ce disque, se situe entre sonorités arabisantes et jazz coloré. Le morceau est dansant.

Les guitaristes d'ambiance jazz sont là… Tim Donahe est là.
Le japonais, qui joue sur Vigier Surfretter donne dans le sustain. Il a beaucoup travaillé l'instrument. Les sonorités " fretless " se succèdent, voire se superposent. C'est un guitariste technique, parfois trop. Le son est énorme et plein. Ses rythmes sont parfois hard rock, parfois à la limite de concurrencer Eddy Van Halen. Il a fait six albums sur guitare " fretless ", les titres de ce CD (" drop zone " ; " ambiguity "), sont inédits.

Autre grand nom du jazz sur ce CD, Yannick Robert. Il déclarait il y a peu à un de nos confrères tout le bien qu'il pensait de ce projet de compilation " guitaristique ".
Très reconnu, Yannick Robert produit un bon jazz, créatif et très bien accompagné sur ces deux titres. Car il ne déroge pas à la règle, chacun des guitaristes aura, sur ce CD, joué deux morceaux.

Au final, c'est un disque riche qui permet aux néophytes d'appréhender la guitare " fretless ". Noël est passé, mais si vous n'avez pas eu la guitare sous le sapin, offrez vous le disque…

Julien Chosalland

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