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Samedi 3 novembre 2007 - Titi Robin - Walter Lupi - A. Giroux / J.L. Mahjun

Samedi. La dernière soirée de la cuvée Issoudun-2007 commence.
Long voyage autour de la méditerranée, d’Agadir à Beyrouth en passant par la Crète, l’Andalousie, la Hongrie, la Camargue et l’Anatolie. Les souvenirs se mêlent, fête tzigane, nouba Arabo-andalouse, transes Gnawa, plaintes gitanes... Je me laisse porter, égarer, dans ce pays inconnu mais familier...

Sur scène, quatre musiciens en tenues sombres : A gauche Francis Varis à l'accordéon et Pascal Stalin ("Kalou") à la basse.
A droite le chanteur andalou Jose Montealegre et le percussionniste brésilien Ze Luis Nascimento.

Au centre de la scène, une touche de bleu : c'est Titi Robin... guitare , oud et bouzouq.

Si sa musique est souvent rangée dans le fourre-tout des "musiques du monde", cette appellation condescendante a plutôt tendance à déplaire à Titi Robin et l'on ne saurait l'en blâmer. Sa musique est un unique et brillant mélange de musiques populaires et savantes du vaste pourtour méditerranéen. Il existe deux catégories de musiques : Celles qui existaient avant même d’avoir été jouées pour la première fois et celles qui, artificielles et vaines, ne seront jamais.
La musique de Titi Robin existe, a toujours existé... Explorateur inspiré, il la découvre en nous, pour nous...

Ainsi, une mélodie au bouzouq digne des ruelles d'Istanbul et une partie vocale "typiquement gitane" pourront coexister dans une pièce authentique. Le bassiste peut peut-être y ajouter une mélodie tellurique évoquant les rythmes Gnawa, les boucles enivrantes du Gembri de Abderrahman Paca (Nass El Ghiwane) ; l'accordéon pourrait même prendre une teinte tzigane... L’ensemble qui les contient les dépassera, les transcendera... tout semble possible.

Mais ne rêvons pas... réussir une telle alchimie ne relève pas d'un patchwork érudit mais d'un talent profond.
Avec Titi Robin, le « métissage » n’est pas une posture calculée, c’est une évidence naturelle.

Bien sûr, on retrouve avec plaisir ces ambiances festives chères à Emir Kusturica avec son célèbre No Smoking Orchestra mais il y a bien plus et en particulier, ce qui est plutôt rare sur la scène « World » mais très fréquent dans la musique orientale, des longues mélopées brodées où aucune pulsation rythmique n’est directement perceptible : Les notes surgissent en guirlandes syncopées, construisant lentement l’univers aérien dans lequel, plus tard, lentement, une rythmique naîtra, lorsque chaque aspect du « mode » utilisé aura été révélé, d’autres splendeurs viendront... ces musiques là savent prendre leur temps ! Tout un art... Visiblement, Titi Robin a étudié ces choses là mais surtout elles sont en lui et sortent comme la larme sort de l’œil submergé par l’émotion.

Bref ... Bien sûr je pourrais parler plus en détails pendant de longues heures mais je vous conseille plutôt d’écouter l’album le plus récent, d’aller voir en concert cet artiste inoubliable, de suivre par vous même le chemin qu’il nous indique.

Retour en France ... Le public hésite à laisser la lumière s’imposer dans la grande salle du centre culturel A. Camus... Soit, il faut sortir, la soirée doit se poursuivre dans la petite Salle du « Méli » .

On y retrouve Walter Lupi. Ce n’était pas prévu mais la surprise est agréable. Je l’ai découvert l’an dernier ici même et j’ai l’impression qu’il a progressé. Son jeu est fluide, tout semble facile. Ce grand gaillard plutôt réservé n’hésite pas à nous ouvrir son cœur... Faisant violence à sa timidité naturelle, Walter Lupi ose toutes les délicatesses. Le public, dans une salle pleine à craquer, écoute en silence et au bout d'un moment, plus personne n’ose plus passer commande au bar situé en face de la scène...
Moment trop bref avec cet artiste sincère et profond ...

Il est temps de laisser la place aux suivants : le célèbre duo A. Giroux / J.L. Mahjun.

Alain Giroux réveille les standards et maintient le cap avec discrétion et efficacité. Sa technique est invisible mais réelle. Cette musique là fait partie de son corps, de son âme, il y a consacré sa vie. Ceux qui assistèrent à sa masterclass l’ont compris.
Jean Louis Majhun, lutin facétieux, livre des solos impétueux, bourrés de clins d’œil variés et fait déraper blues et boogie vers des rivages imprévus.
Ensemble... virtuosité et feeling se mêlent, s’enrichissent... Je dois quitter la salle avant la fin...
J'ai rendez-vous avec Titi Robin et ses musiciens pour papoter un peu...

Belle conclusion pour une cuvée 2007 de grande qualité.
Maintenir un tel niveau l’année prochaine constituera un défit redoutable...


Hubert BAYET
le 03 novembre 2007

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