Rechercher sur
laguitare.com
L'annuaire laguitare.com
Newsletter
Services - Publicités
Annoncer - CONTACTS

 


DAHLIA
Interview version longue le 12 Janvier 2006
Crédit Photo : Philippe Mazzolini.

Interview de Dahlia (Guillaume chant guitare) et Armel (Guitare chœurs violoncelle) réalisée le 12 janvier 2005 après un concert dans le bar " 1929 " à Rennes. Nous remercions l'équipe du bar pour son accueil.

Est-ce que c'est mieux une interview courte ou un long entretien ? On ne lit pas bien sur internet. Et d'après les études, l'internaute passe en moyenne 5 à 6 minutes sur un site.
Néanmoins lorsque l'on a l'occasion de rencontrer un jeune groupe qui a 2 albums au compteur et des dizaines de dates derrière lui, qu'il y a eu assez peu de papiers sur lui, que leur musique accroche, alors ça vaut peut-être le coup d'allonger le temps de d'écriture..
Et s'il y a quelque part quelqu'un qui va se passionner à lire toutes ces pages web et les imprimer, alors rien que pour cette personne fan de Dahlia, produire ici l'entretien intégral que nous avons eu me plaît. Je dédie cet article à cette personne.

Laguitare.com : Le grand public ne vous connaît pas, pouvez-vous faire un historique du groupe ?
Armel
: Le groupe est né en 1999, à la base Guillaume et moi sur une formule acoustique. Guitare folk violoncelle et voix. Nous avions déjà eu des expériences dans des groupes de power pop assez bruitistes et bruyants. On avait envie de faire quelque chose d'assez différent. Et se retrouver tous les deux après avoir eu diverses expériences. On a donc décidé de se mettre quelque part et de voir ce qu'on pouvait faire pendant une semaine. On a fait 5 titres, on a trouvé ça pas mal et on a décidé de creuser dans une veine acoustique violoncelle guitare voix. Ca c'était la première étape. Pour la seconde, on a continué à répéter, à persévérer dans ce sens, enregistrer plus de choses. On a trouvé un petit studio à Rennes avec qui on a travaillé. On a enregistré une dizaine de titres. Là on était en 2001 et on avait fait quelques concerts mais pas énormément. Donc on s'est lâché pendant 3 mois en studio. On avait un studio à disposition et du coup on a fini par enregistrer une dizaine de titres qu'on a présentés aux découvertes du Printemps de Bourges section Bretagne. On voulait montrer ce qu'on savait faire. On présente un titre et ils nous disent " oui oui c'est bon vous venez jouer ". On fait toutes les étapes du Printemps de Bourges et on finit au Printemps de Bourges. C'était en 2001. On a rencontré notre tourneur à ce moment là et un éditeur et grosso modo on a bien fonctionné sur le Printemps de Bourges donc on a fait des concerts et on a enchaîné pendant presque une année, sur 2001, sur un 4 titres qu'on avait sorti mais plutôt en Bretagne. Et puis des concerts avec le tourneur. Là il nous a manqué un album pour continuer à tourner car là on avait épuisé nos ressources au niveau des concerts. On a cherché un producteur de disques et une maison de disques. On a eu du mal à trouver. Du coup c'est notre tourneur qui a pris en charge la production de notre premier album. Autoproduit. On l'a réalisé entre 2002 et 2003 sur une année, le temps de faire les prises. Il n'y avait pas vraiment de producteur artistique donc ça a pris du temps. On faisait aussi des concerts. En cherchant une distribution pour ce premier album qu'on avait fini de A jusqu'à Z, y compris le pressage, on est arrivé chez Wagram pour leur demander de mettre notre disque dans tous les magasins en France. Ils nous ont dit d'accord pour nous rencontrer et ce qu'ils nous ont proposé n'était pas de mettre notre disque dans les magasins. C'était de refaire un album en gardant une chanson de l'album précédent. Il y a eu des négociations mais on est tombés d'accord sur le fait de garder une chanson de l'album qu'on avait fait et de faire nous un deuxième album. Ce qui fait que l'album qui est sorti chez Wagram pour nous c'est notre deuxième album. Celui là est sorti en 2005.

Laguitare.com : Il n'y a donc que " contre courant "…
Armel : …qui est commune aux deux albums. Pour le reste on a fait un deuxième album avec des compos qu'on avait eu le temps de travailler.

Laguitare.com : comment vous êtes vous rencontrés ?
Guillaume : On s'est rencontrés à Rennes, pas loin d'ici, on était étudiants. Chacun suivait un cycle d'études différent et on s'est rencontrés au restaurant universitaire grâce à des amis communs. Ca a accroché tout de suite. On a fait de la musique et tout s'est passé très vite et très naturellement. Très simplement en fait.

Laguitare.com : Chacun faisait de la musique dans son coin et composait textes et musiques ?
Guillaume : Chacun amenait ses chansons avec texte et musique et puis au début c'était vraiment moitié moitié. Au fur et à mesure des années et du temps passé on s'est rendu compte l'un était plus doué pour telle ou telle chose et l'autre aussi. Maintenant on est à un stade où l'on ne fonctionne plus comme ça.

Laguitare.com : Les compos sont réalisées uniquement à la guitare ?
Guillaume : En fait on est très fan d'ordinateurs donc on bidouille beaucoup. Le jour où on a découvert la Musique Assistée par Ordinateur (MAO ndlr) c'était la révolution. C'était génial. On peut redécouper, réessayer…On le fait beaucoup. Surtout sur disque. Sur scène après on prend du plaisir à rejouer ces choses. Mais on aime prendre des synthés, des samples, mélanger les sons… Avoir des choses bizarres, différentes, qui sont passées par différents filtres. On ne sait pas trop d'où ça vient. Ca on aime beaucoup.

Laguitare.com : On a l'impression de voir de plus en plus de musiciens qui jouent du piano et de la guitare mais utilisent ensuite l'ordinateur. Pour refaire les chansons après sur scène.
Armel
: Oui c'est une façon assez intéressante et rapide de faire de la musique. En même temps les possibilités offertes par l'ordinateur sont immenses donc il faut aussi se connaître. Nous sommes passés par une phase où l'on empilait les samples les uns sur les autres mais il n'y avait plus nécessairement de chanson. Il y avait des morceaux bizarres que nous trouvions formidables mais on était les seuls. Donc, à un moment la technique ne fait pas les chansons. Une fois les chansons faites, les moyens techniques qu'on a appris à utiliser nous permettent d'aller assez rapidement à l'essentiel et savoir assez vite si ça va être une bonne chanson sur le disque.

Laguitare.com : Pour les arrangements par exemple ?
Armel : Oui sur les arrangements, sur les effets également. On essaie de travailler pas mal sur les effets. Ca se ressent ou pas sur disque. Mais ce sont des choses qu'on travaille énormément. Ca peut être tout simplement une réverb'. Comment la mettre et comment faire en sorte qu'on ne l'entende pas. Qu'on entende la voix bizarre mais pas la réverb'. Il y a plein de boulot dans ce sens là. On est revenus aussi à la formule guitare voix rythmique. Ca fonctionne ou ça ne fonctionne pas. Si ça fonctionne après on se sert de l'ordinateur. Si ça fonctionne pas c'est même pas la peine d'allumer l'ordinateur.

Laguitare.com : Je n'ai pas l'impression que vous êtes des fanatiques attachés à vos guitares ?
Guillaume : Ce n'est pas tout à fait vrai car on est très attachés à nos guitares parce que c'est l'instrument qui nous a amenés à cette musique là. On adore nos guitares et l'objet. C'est vrai que notre principale motivation n'a jamais été de faire des prouesses techniques. En fait la guitare est un moyen et pas une fin en soi. Mais on bave devant les vitrines comme tout le monde. D'un autre côté on n'aurait pas eu les guitares, on aurait eu un autre instrument, on aurait aussi fait de la musique. On est très fan de guitares mais on n'est pas limité à ça. A un moment on habitait tous les deux à Paris, on allait dans les magasins et on voyait des gens taper des espèces de démos, on comprenait pas. On se sentait complètement en dehors de tout ça. Même maintenant que l'on a eu un peu de budget, on achète des belles guitares. Et pourtant on n'est pas des virtuoses. On cherche d'autres choses.
Armel : C'est marrant d'arriver dans un magasin et de planter un " mi " un " ré " un " la " et de dire " je prends la guitare ". Les vendeurs sont surpris…
Au delà de ça on a tellement subi le fait que le mec te dit " ah oui tu veux essayer la guitare là ". Il prend la guitare accrochée avec un cadenas, il joue pendant 20 minutes, tu le regardes et tu attends un peu que ça se passe. Au bout de 20 minutes, il repose la guitare, il remet le cadenas il te dit " t'as vu ? elle sonne hein ? ".

Laguitare.com : il faut lutter contre ça !
Armel : Bien sûr qu'il faut lutter contre ça. Mais maintenant on arrive à trouver, même à Paris, des très bons magasins. Des gens qui connaissent les guitares, qui savent en parler…

Laguitare.com : Tu aimes bien ton Epiphone car tu n'en changes pas pendant tout le concert…
Armel : Aujourd'hui c'était un peu particulier parce qu'il n'y avait pas de place sur scène. Mais à l'avenir je vais alterner entre l'Epiphone demi-caisse et une Gretsch demi-caisse aussi.
Une bonne guitare qui marche bien tout le temps ça suffit.

Laguitare.com : La guitare nous emmène aux guitaristes et donc aux influences du groupe…
Guillaume : Au niveau guitare, j'ai commencé avec la guitare classique. Ca m'a appris les doigtés, mais la première fois que j'ai fait de la guitare comme on en fait aujourd'hui c'était en écoutant les disques de Dylan et en les déchiffrant. C'est pas des choses techniques mais justement c'était ça que j'aimais. Et puis il y a eu les Stones. Mais j'ai jamais été attiré par des gens comme Clapton. J'ai vraiment grandi avec du blues acoustique. Des choses basées sur l'émotion. Sur des ensembles plus que de la guitare. Je n'ai jamais eu des disques " Guitare ". Ce sont des disques qui essaient de dire autre chose par la guitare.

Laguitare.com : et du côté des français … ?
Guillaume : Je crois qu'il y a un disque qu'on a écouté ensemble c'est le premier disque de Miossec. D'ailleurs c'est l'une des raisons pour lesquelles on a invité ensuite Guillaume Jouan sur notre album car c'était un vrai plaisir. On avait envie de le rencontrer. L'influence de ce disque j'ai d'ailleurs l'impression que c'est pour beaucoup de groupes. Ce disque a vraiment déclenché un truc. Il était assez simple et très bien construit. Il avait tout bon partout.
Moi je n'ai jamais été trop fan de groupes comme " Téléphone ". Après il y a plein de groupes qu'on aime bien comme " Deportivo ", " Elista "…
Mais mes références sont d'abord anglo-saxonnes.
Armel : Pour moi c'est vraiment pareil. A la base je suis violoncelliste. Partant de là, j'ai un attrait pour ce qui est mélodique. Par une guitare, une voix, une basse… Pour moi c'est aussi l'album de Miossec qui est important, je l'ai réécouté ce matin d'ailleurs. Même quelques années après sa sortie ça reste un disque superbe. D'où l'intérêt d'avoir Guillaume Jouan sur notre album. Pour retrouver cet esprit là, sans savoir si ça allait le faire sur nos chansons. Mais en l'occurrence on l'a retrouvé. J'attendais un petit quelque chose mais sans lui demander. Mais tu attends quelque chose. Quand tu fais venir quelqu'un c'est que tu as une bonne raison pour le faire venir. Quand le truc se réalise sous tes yeux ou sous tes oreilles au moment où il est en train de le jouer, tu dis " et bien voilà…c'est ça ". Pour moi cet album là c'est moitié moitié (Miossec et Jouan ndlr).

LaGuitare.com : Personnellement j'ai trouvé qu'il y avait sur votre album des idées qu'on trouvait sur le premier album de Karin Clercq, dont Guillaume Jouan est le guitariste.
Guillaume : Avec Armel on n'a pas le même avis sur cet album. J'aime beaucoup cet album notamment 2-3 titres que j'adore, les textes et la musique. Moi je considère les chansons comme des ensembles et je l'applique également à nos chansons. Pour moi soit ça fonctionne avec les textes, musiques, instruments, mais si il y a un élément déficient alors la chanson est déficiente. Pour moi c'est soit tout bon soit tout mauvais.
Armel : Sur le premier album de Karin j'ai adoré la musique. Pour moi c'était tout ce qui n'avait pas été possible sur " Miossec ". Par contre j'ai un vrai souci sur les paroles. Mais je dissocie sans difficulté les textes et la musique. En concert j'ai mieux compris la logique entre les voix, la musique, les paroles…

Laguitare.com : Je voudrais revenir à vos chansons et particulièrement Guillaume ton phrasé de chant, je trouve qu'il a un côté rap.
Guillaume : Ca tombe bien parce que j'adore le rap. J'en écoute depuis l'âge de 14-15 ans. Les premiers Public Enemy, Ghetto Boys… J'adore cette musique là. Je trouve qu'elle a une énergie absolument géniale. Il y a une intelligence au niveau du phrasé. Il y a de l'inventivité, de la créativité, je suis fan de cette musique. C'est une musique très sociale. J'ai beaucoup baigné là-dedans. Ce n'est pas une musique qui m'a bercé comme Dylan ou le blues, c'est une musique que j'ai découverte après-coup et qui correspondait à une énergie. A un moment je ne retrouvais plus ça dans le rock. Le rap me rappelle le blues. Je ne me suis jamais pris pour un rappeur mais j'écoute encore plein de rap. Je pense et j'espère que ça m'a énormément influencé.

Laguitare.com : Pourquoi ne retrouve-t-on pas les textes dans le livret du CD et est-ce une volonté que ce soit un pu compliqué pour les trouver sur votre site internet ?
Guillaume : (rires des deux musiciens…) Oui c'est une volonté. On a toujours eu envie qu'on voit notre musique comme de la musique. Il y a de la musique, des textes et tout ça fonctionne ensemble. On n'a pas envie que les gens s'intéressent un peu trop à l'un ou un peu trop à l'autre. J'aime bien que les choses soient entières. Il y a tel texte sur telle musique, il ne pourrait pas y avoir un autre texte sur telle musique…Le texte c'est comme une ligne de guitare ou de violoncelle, ça ne s'écrit pas. On n'écrit pas l'arpège.

Laguitare.com : Vous écrivez tous les deux les textes ?
Guillaume : Au début on faisait chacun tout et puis plus ça a avancé plus j'ai écrit et Armel s'investit plus dans le son, les arrangements... On a chacun développé des qualités propres. On garde la complémentarité mais différemment.

Laguitare.com : Avez-vous senti un grand changement entre le premier et le second album ?
Guillaume : Nous non, pas tant que ça. On est passés de l'un à l'autre assez vite et de façon assez suivie car nous on a toujours été à 200% dans notre truc. Après coup, en y réfléchissant on peut se dire qu'il y a un changement.
Armel : C'est après coup, quand tu reviens sur les deux albums l'un après l'autre, que tu te dis qu'on a eu du temps pour le premier et moins pour le second. Pour le premier on avait envie d'arriver à ça, pour l'autre on n'avait pas trop d'envie d'arriver. En l'occurrence pour le premier on nous a emmenés en studio et on nous a dit " faites vos trucs ". Et on a peu près tout gardé ce qu'on avait fait. Sans vrai esprit critique. Sur le deuxième beaucoup plus.
Sur le moment on fait des choix mais les deux ont été faits à 200%.
Pour enregistrer les albums on se met en studio pendant environ un mois. Et pendant ce mois-là il faut que tu fasses un résumé d'un an, un an et demi, deux, trois ans de ta vie en chanson. Pour nous ce sont des photos, des instantanés de ce qu'on a bossé pendant quelques années.
Il y a une vraie relativité par rapport aux albums. En ce qui nous concerne, on est plus sur la scène. Là on réagit, il se passe des choses. Un album c'est une photo, ça va pas beaucoup plus loin.

Laguitare.com : Lors du concert au Trabendo j'ai été frappé par la différence entre l'album et la scène…
Armel : On retravaille les titres. Même si on doit rejouer les chansons après l'album, nous on est sur la suite. On essaie de trouver pour la chanson, le corps, le noyau. Ce qui nous a plu au départ dans la chanson. Quand on repart sur la scène après avoir enregistré l'album, on repart de la base et on développe.

Laguitare.com : L'objectif de Dahlia est donc d'être sur scène ?
Guillaume : C'est pas faux de dire ça mais on aime bien les disques aussi. On aime bien travailler les arrangements, le rendu. Quand on est sur scène on aime bien développer l'énergie, on aime bien s'amuser, prendre du plaisir. On aime peaufiner et lâcher les choses.
Armel : S'il n'y a pas de disque il n'y a pas de scène. On l'a appris très vite. A un moment on doit faire des disques, donc autant bien les faire. Mais on se donne la possibilité d'avoir une relecture en live. Il y a des chansons qu'on joue depuis 5 ans. Il faut pouvoir les jouer. Et pourtant ça nous plait encore.

Laguitare.com : Avec le décalage entre toi qui joue tes chansons depuis 5 ans alors que pour le public tu es un jeune groupe.
Armel : Oui c'est pas évident, mais si c'est une bonne chanson c'est d'abord une bonne chanson. Ca l'est 2 semaines après qu'on l'ait jouée ensemble et ça doit le rester 5 ans après. Et on s'est rendu compte qu'on avait des bonnes chansons. Il y a des trucs qu'on a joué ce soir (le 12 janvier à rennes ndlr) qu'on avait pas joués depuis 1 ou 2 ans. Ce sont des bonnes chansons. Tu développes encore mélodiquement, vocalement, rythmiquement.

Laguitare.com : Aujourd'hui, quelles sont les perspectives du groupe ?
Armel : On est sur les nouveaux titres. On commence à les jouer en concert pour voir ce que ça donne. On teste les morceaux. Dans l'optique de les enregistrer de la manière la plus fidèle possible. On fait aussi beaucoup de concerts. Notre album est sorti en avril, pour certains ça fait loin, pour nous c'est assez récent. On a donc des titres à défendre au moins
jusqu'à l'été 2006.

Propos recueillis par Julien Chosalland


Site internet : http://www.dahlia-music.com/
Crédit Photo : Philippe Mazzolini.