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Le 11 janvier, je reçois un
petit mail de Cyril Atef : " viens checker mon projet
Congopunq demain soir à l'Etage, dans le 11ème ".
Je me dis : " tiens, encore un projet ? Mais est-ce que ça
lui arrive de dormir à ce mec ??!! " J'en parle à
Aurélie, on fait quelques recherches sur Internet... Visiblement,
encore un projet bien déjanté… on y va !!
Parlons tout d'abord du lieu. Généralement,
les salles de concert dans l'Est parisien sont assez roots (aucun
dénigrement, on y habite, dans l'Est parisien !), mais là,
on est surprises : l'Etage est une très belle salle, vaste,
cosy, avec un beau parquet très chaleureux et des tables
pour dîner, façon dîner-spectacle, mais en conservant
tout l'espace du milieu libre pour laisser l'ambiance du concert
se débrider. Un très bon endroit pour aller dîner
de temps en temps, d'autant plus que la programmation est dense
et variée.
Mais revenons-en à nos moutons… ou plutôt à
nos dindons : Cyril Atef apparaît dans une énorme
combinaison à plumes. Ça change : d'habitude, il est
torse nu ! Il est très vite rejoint par Mr Cong, une
espèce de grosse brute de 2m de haut, avec une grande barbe
et les cheveux longs, et un faux air de Raspoutine… (hmmm…
rassurant !)
Alors je vous préviens : pas de guitare dans ce concert !
Mais on n'est pas sectaire, et on peut bien sortir un peu de nos
limites parfois. A ce jeu-là, Congopunq nous montre la voie.
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Cyril improvise les sons et les rythmes
sur ses percu et divers autres petits instruments (flûte de
pan, petites cloches…), qu'il sample, cumule, et transforme,
avec génie, en véritables morceaux techno-house aussi
hypnotiques que survitaminés. Nous l'avons d'ailleurs déjà
vu à l'œuvre dans ce type d'exercice avec Vincent
Segal dans leur projet Bumcello, qui prend de plus en
plus d'ampleur (voir
mes autres articles sur Bumcello).
Son acolyte, lui, délire dans des improvisations scéniques
surréalistes. Pour cela, Mr Cong n'arrive pas les mains vides,
il a à sa disposition, toute une collection d'objets tout
à fait incohérente : une mini-TV portative, une branche
de Yucca, du lierre, des post-it, des plumes, un marteau, une poêle…
avec l'esprit d'analyse le plus aiguisé, nous aurions du
mal à trouver la moindre logique dans cette série
d'objets… c'est normal, la logique n'est pas le mot d'ordre
de sa prestation, on a plutôt affaire à l'irrationnel,
à l'absurde, pour un plongeon au plus profond du subconscient.
Sur une musique assez martelée et obsédante de Cyril,
Mr Cong branche sa TV envahie par la neige, la colle à son
oreille et se balance d'avant en arrière. On devine, dans
l'agitation de ses cheveux, la violence de son conflit intérieur…
une fois remis de cette petite crise d'autisme, il décide
de se rendre un peu plus sociable et de donner une touche de convivialité
à cette soirée : il branche un réchaud électrique,
y pose sa poêle et commence à faire des crêpes…
! Que ceux qui n'ont pas dîné lèvent la main,
il y en aura pour tout le monde, la salle se met à réclamer
: " la crêpe, la crêpe… ".
J'étais en pleine communion
avec le reste de la salle quand j'ai eu un flash de lucidité
: " si jamais quelqu'un entre maintenant dans cette salle,
nous allons être suspectés d'activités sectaires…!!
" Vu de l'extérieur, ça doit surprendre !
En attendant que la crêpe cuise, on a le temps d'en faire,
des choses. Raspoutine prend un fil, l'attache à sa barbe
et demande à une jeune fille de… le mener par le bout
de barbe ! (tant que ce n'est pas autre chose…). Sa barbe remue
en rythme, produisant un effet des plus comiques, le mouvement est
saccadé comme dans un film de Charlie Chaplin... puis, lassé,
il passe à autre chose. Il appelle un spectateur entre les
doigts de qui il coince des plumes, puis il lui demande de tenter
de s'envoler… sans succès ! (on avait pas encore assez
fumé).
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Mais ce qui ravit le plus est la complicité
à laquelle on assiste et la fraîcheur du show.
Cyril et Mr Cong s'observent et chacun adapte son flow en fonction
du jeu de l'autre. Ainsi, lorsque Mr Cong prend une de ses crêpes,
la plaque sur le mur du fond de la scène et lui fait décrire
un arc de cercle en l'air, Cyril part sur de nouvelles paroles :
" the moon is rising ". Quand il décide de monter
sa tente igloo au milieu de la scène, Cyril entonne "
I'm a happy camper ", sur quoi une blonde à forte poitrine
fait son apparition et nous gratifie d'un show très chaud,
elle s'engouffre dans la tente, à la recherche de Mr Cong,
ne laissant dépasser que son postérieur et se dandinant
inlassablement pendant plus d'1/4h ! Cyril ne peut s'empêcher
de rire quand Mr Cong lui présente sa crêpe aux plumes,
lui-même dépassé par les nouvelles limites que
vient de franchir son ami.
Mais pour moi, le clou du spectacle fût la danse de Mr Cong
avec Aurélie. Sans prévenir, Mr Cong la saisit par
le bras, plaquant sa tête contre son large torse et la secouant
dans tous les sens, si bien qu'au bout de trente secondes, les pieds
d'Aurélie ne touchaient plus parterre ! Une chance pour les
autres qu'elle n'ait pas vomit partout après ça !
En tout cas, nous ne sommes pas prêtes
d'oublier cette expérience pour le moins bizarre. Avec Congopunq,
on passe de l'autre côté du miroir. Tous vos repères
de normalité sont bouleversés et ça vous met
la tête en vrac… mais ça fait tellement de bien
!
Christine.
Crédit
photo : Hicham Chikhi - http://www.hicham.monmodele.com
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