Loïc Lantoine…nous ne le connaissions pas du tout avant de venir à Bourges, et son show restera pour nous l'un des meilleurs moments du festival.
Une voix, un texte, une contrebasse…dans quelle catégorie le classer ? Chanson française, chanson à texte, slam …? Les textes sont sublimes, la voix est chaude, puissante, accompagnée par une contrebasse qui en ponctue les moindres intonations. Le texte est à peine chanté, plutôt " parlé " ; on pense immédiatement à Léo Ferré, et n'ayons pas peur des mots, donc, c'est bien de poésie qu'il s'agit ! La beauté des textes est tout simplement à couper le souffle. Badaboum, (" c'est ça la vie, ben ça résonne… "), illustre bien, justement, le célèbre " Mais quand elle veut/ Elle crie/ LA POESIE !" de Léo Ferré.

Sur Mauvais Ouvrier, (" J'ai l'amour amer, ah merde…"), échec d'une vie raconté en plusieurs métaphores plus fortes les unes que les autres (comme celle du compagnon ouvrier qui s'écrie " Y a trop de failles dans ma cathédrale "), le texte est superbe ; sa thématique et son énergie " populaires ", alliées à une réelle créativité formelle, rappellent également Jules Vallès.
Après tant d'émotions, Loïc Lantoine détend l'atmosphère avec une " histoire belge ", Le Manneken Pis, l'histoire du Manneken Pis revisitée, un petit garçon qui voulait toujours rester tout nu : un petit bijou de poésie et de créativité. Il y a un réel contraste entre le tragique et l'émotion des chansons, et les attitudes pitres, franchement comiques avec lesquelles il anime la salle, comme pour faire redescendre l'émotion à un niveau raisonnable, avant d'entamer le titre suivant et de nous transporter à nouveau…

Il enchaîne encore deux textes superbes, Maman, ton mauvais gars arrive…au bon moment de Gaston Coutet (c'est certain, de nombreuses mères dans la salle, ont versé une larme !), puis Tout est calme, trop…, texte politique, à la poésie populaire et musclée ; lorsque Loïc Lantoine entonne de sa voix forte " L'humanité sort du dico… ", il semble répondre à Léo Ferré interprétant le " C'était un temps déraisonnable, on avait mis les morts à table… ", dans Est-ce ainsi que les hommes vivent ? d'Aragon…
Vallès, Aragon, Ferré…les noms qui viennent à l'esprit lorsque l'on écoute Loïc Lantoine parlent d'eux-mêmes : un poète.
Et un poète, qui se paie, en plus, le luxe de nous faire hurler de rire en fin de spectacle, avec l'hilarant Faut pas dire du mal de Johnny !
Un seul conseil : à découvrir de toute urgence !

Aurélie et Christine, le 30/06/2006