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TCHEKA
New Morning
18 juin 2005

18 juin. Il fait chaud. On vous emmène au Cap Vert. Pour la deuxième soirée des nuits lusafricaines, le New Morning accueille le nouveau génie de la musique capverdienne, Tchéka.

Avec ses musiciens, il donne tout de suite le ton d'une soirée rythmée et gorgée de soleil, pleine de joie de vivre et de l'envie de partager leur musique, inspirée à la fois du son traditionnel du Cap Vert et de la culture hispanique.

Tchéka joue sans médiator, en picking, accompagnant richement sa voix à la tonalité très africaine, qu'il module du grave au très aigu avec une aisance déconcertante et une certaine animalité, mais aussi très emprunte d'accents créoles d'une suave douceur. Le tout accompagné d'un très beau sourire, plein de sincérité et de générosité, du début à la fin du concert.
Sur les morceaux les plus doux, Tchéka caresse sa guitare et par la même occasion nos oreilles : ses notes sucrées, ainsi que sa voix un peu étouffée, un peu enrouée, qui s'approche parfois du son d'une flûte de pan, nous charment.
Sur les chansons plus rythmées, Tchéka nous raconte des histoires, que l'on ne comprend pas mais que l'on imagine, tant ses intonations et les expressions de son visage sont parlantes. La guitare s'emballe et on ne voit plus ses doigts.

Mais quelque soit la chanson, l'angolais N'Du aux percussions n'utilise qu'une caixa, qui accentue encore la sonorité flamenca de la musique, ou des balais sur ses cymbales et un jembé. Ces percussions légères ne dominent pas le son de la formation, mais vous l'aurez compris, viennent juste le sublimer. Car la rythmique est déjà ingénieusement portée par les guitares, Tchéka fait preuve d'une créativité débordante pour transposer le son du batuque (son traditionnel du Cap Vert, qui avait été créé pour détourner l'interdiction de jouer du tambour, notamment sous la colonisation portugaise ; la technique était de plier des tissus en plusieurs couches et de taper dessus avec les mains, ce qui produisait un son un peu sourd proche de certaines percussion, mais surtout permettait à la population brimée de s'exprimer).

Le deuxième guitariste, Hernani Almeida, est lui aussi particulièrement talentueux et nous offre des solos magnifiques, souvent hispanisants, joués en mineur, avec une dextérité impressionnante mais aussi des rythmiques enflammées, qu'il laisse résonner complètement ou qu'il joue brèves et sèches.
Pas de doute, Tchéka et son deuxième guitariste maîtrisent : picking, pull-offs, hammers, dead-notes, et ils se lancent des regards complices comme pour se challenger mutuellement sur les solos les plus techniques.

Le bassiste, Kizo Oliveira, sur sa très belle basse à 5 cordes, dessinée par lui-même et fabriquée par le luthier Anicetto Gomez, renforce la profondeur et l'authenticité du son.

Enfin, pour féminiser un peu la soirée, nous avons eu droit à une apparition de la chanteuse Lura, une autre valeur montante de la scène capverdienne. Elle aussi inonde la salle de son superbe sourire, de sa voix très chaude et de sa danse aux allures de flamenco. Et on a pu noter la grande proximité qui existe entre les deux artistes, Tchéka a d'ailleurs écrit quelques morceaux sur le dernier album de la chanteuse.

Au final, je qualifierais cette soirée de véritable voyage sensoriel. Et si vous êtes un fan de belles rythmiques et/ ou de World Music, je vous invite vivement à découvrir le dernier album de Tchéka : Nu Monda.

Seul bémol, l'accueil un peu frileux qui nous a été réservé à l'entrée… mais cela ne doit pas nous empêcher de parler d'un artiste qui en vaut vraiment la peine.

Christine Hamdi




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