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Hot Tuna, Manfred Mann's Earth Band, Procol Harum,
Olympia, 14 Mars 2005

Lundi soir, à l'Olympia, bondée. Le public, composé de nostalgiques des années 70 et d'amateurs de rock et de bonne musique, toutes générations confondues, se recueille avant l'arrivée du premier groupe.

C'est Hot Tuna qui ouvre la soirée. Une arrivée toute simple, sans mise en scène : les trois s'installent sans faire de façons et commencent tout de suite à jouer ; le ton est donné : amical, intime ; une basse, une guitare, une mandoline, et dès les premières chansons, le public est sous le charme ; des classiques du rock blues (Battle never happen no more, I'll let you know before I leave), l'énergique Prohibition has done me wrong, de Jimmy Rogers, et enfin deux magnifiques blues, Uncle Sam Blues et Hesitation Blues. La salle retient son souffle, soudain transportée au bord du Mississipi, comme un groupe d'amis autour d'un feu, tous concentrés sur la voix de velours et les instruments…Il faut dire que l'on est en bonne compagnie : le très réputé Barry Mitterhoff à la mandoline et les deux potes de lycée qui avaient fondé les Jefferson Airplane, Jorma Kaukonen (voix et guitare) et Jack Casady, l'incroyable bassiste qui a joué avec Hendrix…
Un grand moment de guitare, de blues et de bonheur.

Arrive ensuite Manfred Mann's Earth Band, pour un concert survolté. De Martha's Madman à Demolition Man en passant par Davy's on the road again, le groupe enchaîne les classiques, toujours dans un mélange des genres très réussi qui lui est propre ; on a parfois l'impression de se trouver dans un gigantesque laboratoire des sons et d'assister aux expérimentations les plus folles pour repousser toujours plus loin les limites des instruments…
Noël McCalla, qui jongle aisément entre le chant et une chorégraphie totalement désordonnée, dégage l'énergie d'un lion échappé de sa cage. En parfaite rock-star, un brin funky, arborant de magnifiques dreadlocks qu'il secoue vigoureusement dans tous les sens, il marque le rythme de tout son corps, il est le rythme.
Il confie ensuite la scène à Mick Rogers, le déjanté et très talentueux guitariste. La salle s'enflamme à chaque long solo, à chaque riff endiablé, notamment dans Father of day, la fameuse reprise de Bob Dylan.
La complicité avec le public est à son comble quand le guitariste fait un astucieux clin d'œil à Deep Purple avec le célébrissime air de " Smoke on the water ". Noël, quant à lui, achève de mettre les spectateurs à l'aise lorsqu'il tente de les faire reprendre en chœur le refrain de " Blinded by the light " et feint, non sans humour, d'être insatisfait du résultat !!

L'entracte était bien nécessaire après cette grosse pointe d'adrénaline avant de repartir pour le bouquet final, la tête d'affiche de la soirée : Procol Harum.


Ahh… nostalgie, nostalgie, quand tu nous tiens…
Le groupe mythique des 70s prend très vite place sur la scène et entonne immédiatement ses plus grands classiques : Homburg, Conquistador, A Salty Dog…

Tout y est, comme dans nos meilleurs souvenirs : l'ambiance psychédélique accentuée par les éclairages multicolores et les longues mélodies à l'orgue, la poésie des textes et les envolées métaphysiques de certains morceaux, comme l'étonnant Tumbstone, racontant l'histoire de cet homme toujours suivi par un lourd bloc de marbre, où qu'il aille : sa propre tombe…

Au clavier et au chant, Gary Brooker, le leader historique du groupe, très en forme, affiche une certaine affection pour notre pays : il chante en français en l'honneur d'une femme connue à Paris, la " ville de l'Amour ", et un peu plus tard, dans l'hilarité générale, il enfile un béret… !

Mais ce n'est qu'à la toute fin du concert, après des rappels insistants du public que le groupe se décide enfin à jouer son tube légendaire, A Whiter Shade of Pale, repris mondialement par tant d'artistes (Annie Lennox, Sarah Brightman…). Toutes les générations présentes dans la salle se laissent aller et revivent, le sourire aux lèvres, leurs meilleurs souvenirs sur ce slow mythique.

La magie de Procol Harum opère toujours. Doit-on rappeler que le nom du groupe, qui signifie en latin " Au-delà des choses ", vient du nom du chat Birman d'un ami de Keith Reid (parolier du groupe), qui avait, raconte-t-on, des pouvoirs surnaturels ; nul n'avait, en effet, réussi à le prendre en photo… La musique de Procol Harum, à cette image, est évanescente et impalpable, mais tellement touchante… A coup sûr, la poésie et la rêverie ont continué de planer dans l'air pendant quelque temps pour tous les fans qui étaient réunis ce soir à l'Olympia…


Christine Hamdi et Aurélie Partouche