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BUMCELLO EN CONCERT A LA MAROQUINERIE
10 Novembre 2005

Chaque concert de Bumcello est unique et une expérience intense, l'extraordinaire duo nous en a encore fait la démonstration ce jeudi à la Maroquinerie…

Quand on arrive, la salle est déjà bondée : les fans de Bumcello sont de plus en plus nombreux et ce soir, ils sont venus découvrir le cinquième album du duo excentrique : Animal Sophistique.

Tout d'abord, deux mots sur ce nouvel opus, que le label Totoutard a eu la gentillesse de m'envoyer quelques jours avant le concert. Comme pour ses prédécesseurs, on se gardera bien d'essayer de qualifier Animal Sophistique en terme de genre musical. Toujours inspirés par leurs expériences éclectiques avec des artistes du monde entier, ainsi que par leurs voyages, Cyril Atef et Vincent Segal y ont mêlé Pop, Funk, Rock, Musiques du monde, Rap, et même un zouk endiablé (Dalila). Le côté Rock est un peu plus présent, notamment sur des titres comme Gogo ou Jet Set où la guitare et la batterie sont bien percutantes. Mais la vraie nouveauté est l'importance qu'a prise la voix de Cyril Atef qui trouve là une vraie place de chanteur, à l'aise dans tous les registres. Seul un titre est instrumental : T Tris(te).

Bumcello prend donc son temps à l'occasion de 4 concerts du 9 au 12 novembre à la Maroquinerie pour nous présenter ce dernier album.
Tous ceux qui connaissent un peu Bumcello le savent : en live, le duo part sur la base de ses compositions figées dans les albums, mais ils dérivent rapidement dans des improvisations délirantes et hypnotiques.

" Entrez dans la transe car on fait de la musique de Transe… sexuel !! " Cyril Atef.

Pour nous faire patienter avant le début du concert, c'est Vincent Segal qui nous accueille en tant que DJ. Il nous passe des bootlegs et autres mix (notamment un excellent remake funky d'un morceau de Cesaria Evora), alors que des photos de leur récente tournée en Amérique du Sud défilent et nous permettent de découvrir les coulisses de leur vie de nomades. Cyril arrive et se greffe progressivement sur le rythme puis Vincent lâche les platines et le rejoint sur son violoncelle électrique. On reconnaît des bribes de Sweat Sweat Sweat, mais on s'en éloigne bien vite, dérivant agréablement et enchaînant le plus naturellement du monde des morceaux pourtant très différents les uns des autres.
La construction d'un morceau est toujours un instant magique : au début, ce ne sont que des bribes de mélodies, des lignes de basse, des boucles de rythmes, on ne saisit pas tout de suite ce qu'ils veulent faire, mais peu à peu, tous ces samples mis bout à bout, le morceau prend forme, donnant parfois des résultats inattendus. A eux deux, Vincent et Cyril arrivent à créer une incroyable diversité de sons ; ils exploitent à peu près toutes les possibilités de leurs instruments. Par exemple, Vincent utilise son violoncelle électrique alternativement avec son archet ou un archet électronique, et sans archet, pour un jeu calqué sur celui de la guitare ou de la basse, utilisant le slap, le hammer ou le pull-off… Cyril a toujours un set intéressant de percussions, un mélange de batterie rock, de percussions africaines, mais aussi un berimbau, des petites cloches, un sifflet, etc. Vous aurez reconnu quelques ingrédients d'un bon morceau de techno, et oui ! pendant un moment on se serait cru au Queen, toute la salle était en transe.

Tout le public vit la complicité de Cyril et Vincent pendant le set, en étant les témoins de leurs regards, et des différentes techniques dont ils usent pour s'entendre : quand Cyril est en transe et ne prête plus attention aux regards de Vincent, ce dernier use d'autres méthodes pour capter son attention : il insiste sur les temps forts, il modère le volume de son jeu… et hop ! Cyril improvise un break de batterie et ils repartent tous les deux dans une nouvelle divagation.

Mais les sets de Bumcello ne se résument pas à jouer, la scène, c'est un lieu d'expression débridée ! Sur un morceau hypnotique, Cyril se lève et entame une sorte de danse vaudou, agitant des maracas ornées de paillettes et de strass. Il se retourne, affublé d'un masque à l'effigie de son complice Vincent (comme sur la pochette de l'album). Il semble possédé par le violoncelle grave et lancinant. Il ajoute alors d'autres masques et continue de danser, offrant à chaque mouvement un visage différent : serait-il hanté par différents esprits, à la fois contradictoires et complémentaires ?

Complémentaires, Vincent et Cyril le sont entre eux, mais aussi avec tous les artistes avec qui ils partagent la scène. Ce soir, le special guest, c'était Loy Ehrlish, qui joue du Grumby, un instrument marocain très rustique, sorte d'ancêtre de la basse avec des cordes en boyaux de chat, qui lui confèrent un son très sourd plein de mystère.
On aura droit aussi à la prestation du tout jeune Tao, fils de Loy, à la batterie sur Jet Set, impressionnant du haut de ses 3 pommes !!

Bref, encore une soirée de pur bien-être, où l'esprit se laisse aller au gré du son et des bonnes vibrations. Avis à tous les animaux sophistiqués !

Christine. le 14/12/2005