Rechercher sur
laguitare.com
L'annuaire laguitare.com
Newsletter
Services - Publicités
Annoncer - CONTACTS


Son of Dave
" 02 "

Kartel / Discograph

Deuxième album pour cet ex-Crash Test Dummies, profondément ancré dans le Sud profond des Etats unis, et qui s'autorise d'incessants allers et retours entre une tradition totalement maîtrisée et une furieuse modernité. Car loin de se contenter d'invoquer les fantômes du passé et se complaire dans une consciencieuse leçon bien répétée, le gaillard fait sien un style qui a été suffisamment galvaudé pour qu'on ne se méfie à la première approche. On ne saurait, pour les sceptiques , conseiller de se fier à la pochette qui confère à notre homme un côté gentleman, sachant choisir avec soin des costards dont on devine sous une coupe austère un tissu confortable, doublé d'un micro vintage (les puristes apprécieront) et d'un harmonica en bouche. Le pire, ou le meilleur, selon du côté de la paille où l'on se trouve est que tout est là. Il n' y aura rien d'autre dans cet album qu'un harmonica, un costard et une voix. Et un bon millier de tout ce que peut charrier les eaux troubles du Mississipi.
En vrai bluesman, Son of Dave fait de son instrument le prolongement de son corps et de sa voix, une extension naturelle évoquant tour à tour Stagger Lee, les deux tombes de Robert Johnson et tous les mythes d'une Amérique rurale et profonde, perdue ou tout au moins oubliée. Rien que les quelques reprises de l'album ( Crossroads blues, Devil take my soul et Mannish Boy) en disent suffisamment long sur ses racines et son jardin secret pour y accorder plus qu'une oreille. De la voix et un harmonica donc, mais une voix travaillée à l'aune de la modernité, balançant des phrasés beat box et des complaintes à l'avenant, un harmonica samplé, en sentences courtes et répétitives, en riffs. On plonge ainsi dans les flots boueux du grand fleuve, on se laisse porter par le courant et on croise ici ou là Muddy Waters, les fantômes d'Elmore James et de Sonny Boy Williamson. Au carrefour, on rencontre bien sûr comme dans la légende le démon en la personne de Martina Topley Bird, l'égérie de Tricky, qui envoûte et transfigure littéralement le bien nommé "Devil take my soul", titre imparable et single en diable (forcément). Après le regretté R.L. Burnside dont les derniers albums prouvaient qu'on peut toujours faire évoluer une musique ancestrale, Son of Dave propulse le blues dans le monde d'aujourd'hui, un blues économe, respectueux et épuré à l'os, qui retrouve dans ce traitement actuel toute sa force et sa grandeur.

Stephane Andrieu le 20/07/2006

Contacts  - Annoncer - Notice légale - Services/Pub. - Newsletter - Forum - Charte - Flash - Articles - Annuaire - Lutherie