Raul Paz est de retour à la maison. Après avoir promené ses valises au gré des tournées aux quatre coins du globe, c'est l'heure de faire le bilan de ces dernières années, de se poser un instant et de retrouver ce qui fait la force de sa musique. Nul doute que pour se ressourcer, un retour à la terre est profitable, un retour à la terre natale, à Cuba. Loin de l'agitation et du rythme soutenu des villes qui l'auront vu passer, c'est le calme et non la tempête qui nourrit cet album très acoustique, travaillé à l'épure, et qui va à l'essentiel. Après avoir cherché la confrontation entre les sonorités qui avaient bercé son enfance et un traitement plus actuel, empruntant au dub ou à l'électronique, tel qu'on avait pu l'apprécier sur Mulata par exemple, c'est la démarche inverse qui a présidé à la réalisation de cet album. En retrouvant un décor familier, raul Paz s'est rapproché des rengaines et des chansons traditionnelles jouées par les vieux musiciens de l'île et qui tirent leur beauté d'une rugosité brute. Une simplicité apparente qui n'occulte pas la générosité qui les anime. Des chansons comme celles de Portabales, qu'on savoure un bon cigare en bouche et qu'on aime à reprendre et à ré entendre, en famille devant le programme dominical. Ce sont toutes ces images qui sont revenues, en forme de madeleine de Proust, et qui ont nourri cet album, lui donnant sa consistance et son âme. Dès lors, plus besoin de prouver au monde entier que la musique cubaine sait au besoin être moderne, à grand renfort de sons actuels. L'actualité ne s'estime pas à sa propension à intégrer au besoin artificiellement des influences qui la dépassent, mais dans son authenticité. Heureux donc qui comme Raul aura fait un bon voyage, ses retrouvailles avec ses racines n'en sont que plus appréciables.