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La
chronique, la critique, doit elle être fonction des artistes
chroniqués ? Peut-elle être objective, réellement
?
Non, certainement pas.
Avant de chroniquer un nouvel album de Noir Désir,il faudrait
attendre trois ans. Le temps de l'avoir digérer entièrement.
Mais les critiques de disques, il " faut " généralement
les faire à la sortie du disque, voire avant. C'est bon pour
la promo paraît-il.
Mais critiquer " des visages, des figures " lorsque l'on
écoute Noir Désir depuis 1988 nécessite une
objectivité qui pourrait rapidement faire défaut.
Album de rupture il parait.. pas tant
que cela finalement.
" L'Europe " est un titre qui n'est pas sans rappeler
" 666,667 club " (le titre). " Des visages, des figures
" (le titre) a des accents de " zen émoi"
dans la mesure où sur ce dernier titre, Serge Teyssot Gay
(guitariste) s'était évertué à ne jouer
" que " des fausses notes dans la seconde partie du morceau.
" Des visages, des figures ", qui donne son nom au titre
du dernier album du groupe, est un fantastique mélange entre
la mélodie du chant et des arpèges, et des notes qui
bousculent complètement cette mélodie.
Il
faut attendre le quatrième morceau de ce disque pour reconnaître
la chair de poule immédiate. Une adaptation d'un texte de
Ferré " des armes ". A la base sur un compilation
" 123 quai " , ce court morceau se retrouve aussi sur
le disque.
Mais avant cela, on vit un quasi-morceau
de rockabilly à la basse régulière, à
la contrebasse plutôt. Sur " le grand incendie ",
un hommage à l'art
c'est harmonica et guitares en aller
retour. Très influencé par un certain New York, blues
et black.
Souvent la guitare de Serge est un
appui en notes dispersées (" à l'envers, à
l'endroit ", " des visages, des figures ").
On dit de Bertrand Cantat qu'il porte désormais des chaussures
Puma, dans " à l'envers, à l'endroit " il
fait référence au rap avec son " spécial
dédicace ", et dans " Lost ", il rappe
.
Et l'on n'est pourtant pas si loin de " l'homme pressé
".
Sur " Lost " c'est la guitare de Serge que l'on connaît
bien. Sans doute (au son) une Fender bien saturée (dans le
Vox ?).
Souvent j'ai entendu des critiques expliquant que Noir Désir
" à la guitare, c'est facile ". Oui
si vous
savez jouer " L'Homme pressé " il se peut que vous
arriviez à jouer " Lost ". Mais je souhaite à
tous ceux qui jouent ces morceaux de procurer la fleur de peau ad
hoc
Et les textes, j'ai lu ici et là,
entendu, que les écrits de Bertrand Cantat étaient
plus " faibles " que les anciens textes. Pourtant il y
a des jeux de mots de qualité identique à ceux de
" Veuillez rendre l'âme "
Et.. combien se retrouveront avec délectation sombre dans
" l'appartement "
Dans ce morceau, Cantat donne peut-être
une des clefs du titre de l'album " du ciment dans les plaines
". A chacun son interprétation, comme toujours avec
les textes du chanteur-auteur de Noir Désir. Les prénoms
de femme se succèdent dans les chansons du groupe, mais c'est
toujours avec force qu'on les égrène, toujours avec
passion.
Cet album est sorti avec difficulté.
Lors de la sortie de " 666,667 club ", on avait entendu
les mêmes doutes, les mêmes incertitudes pendant l'élaboration.
Dans le combat de ce groupe rien ne semble évident.
Mais le combat demeure. Et il est bien
présent dans " son style 1 ", un morceau de rock,
avec batterie à gros rythme, avec guitare à gros son.
Comme c'est drôle d'entendre dans un morcau qui s'intitule
" son style 1 ", le " style Noir Désir "
et dans " son style 2 " entendre une autre facette du
groupe, beaucoup plus calme, avec une guitare rythmique électrique
(elle aurait pu être acoustique) et des sonorités de
fond des mers.
Si sur le " 1 " Cantat chante à rappeler "
M ", sur " 2 ", on file " Nick Cave ".
Alors, mélange des styles
? pas mal
Et
dans tout ça, la guitare ?
Elle sonne bien dans " à l'envers, à l'endroit
" (mon coup de cur), elle est claire. Elle sait où
elle va
elle va où elle veut (" Lost ").
Et puis, les invités
.
Manu Chao à la guitare sur le très " Chao "
" le vent nous portera " (premier single), ou Brigitte
Fontaine sur " L'Europe "
dernier morceau déroutant.
Plus de 23 minutes, et 23 minutes qui passent finalement très
vite. " Veuillez rendre l'âme (à qui elle appartient)
", le second album de Noir Désir dure 36,35 minutes.
Intéressante comparaison.
Mais de ce morcreau fleuve, chacun doit se faire sa propre opinion.
Inutile d'écrire dessus.
Alors, notre esprit, après cet
album ?
dans l'esprit.. un album qui sort en septembre, parce qu'on
l'a longtemps attendu
et l'esprit de " septembre en attendant
" on le retrouve dans " le bouquet de nerfs ", avec
sa guitare et ses violons.
Notre esprit, il va mettre un peu de temps pour digérer cet
album.
Je ne donne rendez vous à personne dans trois ans, ne sachant
qui sera là.
Plutôt dans l'incendie, plutôt
avec les hirondelles
on verra
Mais encore une fois ce sera d'en bas que l'on regardera le rock
français passer là où les hirondelles font
le printemps, et " Laura ", dans trois ans, qui sait comment
on l'appréciera
.
Julien Chosalland
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