Comme toujours
le premier concert s'annonçait long et promettait de s'achever le
lendemain. Ce fut le cas mais on serait bien resté une heure de
plus...
Le premier duo est plus qu'un duo. Christian Laborde, qui,
comme les chats, possède de nombreuses vies, forme avec son
ami Benoît Albert un duo unique : l'amitié et
la volonté d'aller vers l'autre sont prédominantes
!
Comment décrire
ce que l'on a entendu ? Chaque pièce est un univers que l'on
visite en détail... Du point de vue du "style"
mieux vaut renoncer à cataloguer : Deux compositeurs de talents
qui se lâchent avec pour seule limite la faisabilité
à deux guitares, surtout avec de tels instrumentistes, ça
ouvre de très larges horizons.
le résultat
est ... extra. On reste captivé du début à
la fin. Poésie, groove, mélodies, harmonies raffinées,
polyphonie et polyrythmie savoureuses ...
Et puis, cerise sur le gâteau des deux derniers morceaux,
Dalila, compagne et complice de Christian, vient dissoudre sa voix
dans la danse de notes... Voix unique, profonde et sensuelle, voix
chaude et aérienne, voix d'une femme méditerranéenne
généreuse et passionnée...
Les plus exigeants
signalent tout de même que les blagues de Christian ne sont
pas toujours à la hauteur du répertoire... : "
musique : Très bien 20/20 ; Humour : 12/20 .... Peut mieux
faire "
Seul regret,
réel celui là, il n'existe toujours pas de CD de ce
répertoire et, connaissant les exigences de Christian Laborde
en matière d'enregistrements, j'ai bien peur que l'on attende
encore de longs mois ...
Pietro Nobile
et Sandro Nola un de ses élèves particulièrement
prometteur prennent la suite.
Changement de cap. Cascades de notes virevoltantes, harmonies sophistiquées,
son très ample avec beaucoup de réverbération...
Un univers très particulier s'installe immédiatement
et les repères temporels s'effacent... Je songe à
Pat Metheney... On revient à la réalité lorsque
la lumière inonde la salle...
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Après
une petite pause d'une dizaine de minutes, on change d'univers pour
retrouver Mickael Messer et Ed Genis qui nous offrent
un blues simple et sincère, très "root".
Quelques très belles ballades aussi ...
Mickael joue sur une guitare fabriquée son ami Mike Lewis
dont tout les habitués d'Issoudun connaissent la gentillesse,
les yeux rieurs et le sourire bienveillant.
Le public accroche immédiatement et applaudit avec une joie
non retenue entre les morceaux. L'heure avance vite et, même
si le public est prêt à continuer un "bout de
root" avec eux, il faut céder la place au suivant ...
Il est déjà tard.
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Après
trois duos dans des styles bien distincts, Martin Taylor
arrive... seul.
D'un point de vue strictement technique ... il est ahurissant. on
n'y voit que du feu, impossible de savoir comment, avec seulement
deux mains et une guitare, il fait simultanément une ligne
de basse bien découpée et débordante de groove,
une mélodie aérienne et, entre les deux, des grappes
d'accords judicieusement placées. Fermons les yeux, l'illusion
est parfaite.
En l'observant on ne voit qu'un guitariste qui semble jouer paisiblement,
avec fluidité. Tout à la musique qu'il nous offre
il reste décontracté et fait montre d'un humour léger
et de bon goût tant dans ses paroles que dans son attitude.
Un gentleman guitariste, en somme, avec un talent hors du commun,
talent et maîtrise instrumentale dont il semble parfois s'excuser
par de très discrètes "blagues" instrumentales.
(humour de guitariste ...)
... Et bien sûr, le point le plus important, Martin Taylor
fait une musique vraiment formidable et, d'habitude si disert, je
manque de mots pour le dire "suffisamment"...
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Petit test
en sortant, il est bientôt deux heures du matin, j'écoute
de loin certaines discussions :
Ici on parle de Dalila qui fit très grosse impression à
ceux qui ne la connaissait pas encore, et aux autres aussi car on
ne peut pas se vacciner contre tant d'émotion !
Là on évoque le jeune élève de Pietro
Nobile et son sens mélodique.
Plus loin on vante les belles ballades reprises par Mickael Messer
et Ed Genis, le groove qu'ils mettent dans ce blues délicieusement
archaïque.
Derrière moi, un voix ne tarit pas d'éloges sur Martin
Taylor et sur sa petite leçon de "Stell Band" (
5 voix pour 5 fûts... sur une seule guitare et ... 10 doigts
tout de même )
Pas de doute, une fois de plus, les organisateurs ont réussi
à nous concocter une soirée équilibrée
qui permit au public de retrouver plusieurs aspects de la guitare
actuelle et surtout, ce qui n'est pas si évident, les artistes
se sont succédés sans se "masquer".
Hubert BAYET le
01 novembre 2007
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