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Jazz in Marciac 4 Août 2006

Jazz in Marciac, qui soufflera l'année prochaine ses 30 bougies, est décidément un festival étonnant. Dans son édition du 7 août, Libération remarquait d'ailleurs qu'il se distinguait par une " absence totale de… jazz ". Le propos est un peu fort mais ne manque pas de justesse, et aussi d'un certain sens de l'humour. Disons que le jazz n'est pas forcément là où on l'attend, en tout cas pas majoritairement dans sa programmation qui cette année faisait la part belle à d'autres musiques, salsa, afro beat, musiques cubaines… Peu de prises de risques, comme à l'accoutumée, mis à part John Zorn qui fit voler les panamas de son sage public dans une furieuse prestation.
Marciac ressemble à une vitrine idéale d'un jazz un peu suranné en forme de discothèque idéale, qui trouve merveilleusement sa place dans ce charmant village du Gers. On ne recule devant aucun sacrifice pour séduire un public nombreux, élégant et poli, visiblement étranger à cette région et ne demandant qu'à tomber dans tous les clichés qu'on aura mis à sa disposition pour se croire dans un remake du " bonheur est dans le pré ". On peut ainsi y déguster un Armagnac de 40 ans d'âge, manger local (magret et foie gras), et même… acheter une maison (une agence immobilière a ouvert un stand !!!). Il va de soi que l'ambiance est à l'avenant. On assiste au concert en bonne compagnie, un pull jeté sur les épaules pour parer aux frimas de la soirée, une coupe à la main et un bon cigare en bouche. Les concerts s'achèvent à une heure, le off a fermé depuis longtemps sa scène, laissant la place centrale du village déserte et vide de musique.

La programmation proposée sous le chapiteau invitait Omara Portuondo à un dialogue avec l'ensemble instrumental du conservatoire de Toulouse, venu renforcer son orchestre cubain avec délicatesse et justesse, c'est-à-dire sans noyer inutilement de cordes une musique qui se suffit à elle-même. Pari réussi, les toulousains amenant juste ce qu'il faut de tragique et de sensuel pour apporter un peu de patine supplémentaire, venant soutenir les graves de la voix chaude de cette diva cubaine. Omara Portuondo fera défiler les genres, rumba, son, cha cha avec un entrain et une joie non feints qui font mouche. Tout à son aise sur scène, elle séduit et envoûte son public qui reprend en chœur les refrains de soy cubana ou Guantanamera.
On attendait un Yuri Buenaventura explosif, on l'aura très calme, jouant en crooner sur un tempo langoureux servi par un orchestre proche des racines afro latines, faisant sonner le brut des percussions nombreuses, tambours et congas.
La bonne surprise du festival viendra dans la nuit, au hasard des rues, où le bar l'Atelier accueille une jeune formation : Amazir. Un cajon, une contrebasse et un piano (le fils de la maison) entourent un violoniste-oudiste qui s'appuie sur une rythmique solide pour développer des thèmes teintés d'orient.

Pour le rappel mérité, un saxophoniste viendra lâcher un chorus aérien qui planera longtemps, de son écho cuivré. Dans une ambiance très club, cet endroit un peu féérique, une probable grange restaurée de façon chaleureuse permettra de renouer avec le jazz, l'autre jazz, celui qui ne craint ni les métissages, ni les dérapages. Authentique et s'aventurant dans des sentiers moins balisés que les ténors de Marciac, ces musiciens renoueront dans un plaisir évident avec une forme de liberté qui manque désormais à leurs illustres aînés. La justesse ne sera pas toujours dans la note mais dans l'instant où elle sera jouée, rendant ainsi un peu de ce bleu qui fait défaut aux autres. C'est pour ses à côtés que Jazz in Marciac mérite qu'on s'y attarde.


Stephane Andrieu le 22/08/2006

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