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Interview de François Corbier



Le nom vous est bien sûr familier, celui du grand gaillard rouquin et barbu qui a amusé avec ses chansonnnettes nos tendres et jeunes années sur Récré A2 et TF1 aux côtés de Dorothée ! Mais Corbier c'est un peu plus que ce drôle d'animateur pour marmots, c'est avant tout un grand chansonnier dans la lignée de Brassens, Ferré, Renaud avec dans le regard et la voix une touche satirique et humoristique sur notre société, notre vie de tous les jours... Le revoilà... avec un nouvel album "Tout pour être heureux"!

Laguitare.com: Bonjour Corbier, merci de nous accorder une interview et de nous faire partager tes dernières aventures ! Quel plaisir de te retrouver aussi présent, que ce soit sur le petit écran (Ruquier, Delarue, Jacky...) ou sur les scènes du Printemps de Bourges, la Sorbonne, La Fèche d'or, dans toute la France, en Belgique, en Suisse... Est-ce un retour, un travail assidu de tous les jours ? Parle nous de ton chemin depuis l'épopée Dorothée.
Corbier : Lorsque je me suis aperçu que j'étais le dernier survivant de la catastrophe méningée qui a emporté mes camarades, dont Dorothée, Ariane, Jacky, Patrick et le Père Noel, je me suis dit : "Mon gars il est temps que tu te mettes au travail !" Là dessus je me suis acheté une guitare et j'ai appris à souffer dedans. Simultanément j'ai apris à lire et dans la foulée je me suis mis à écrire des chansons dont La Marseillaise, et un peu plus tard l'Hymne à Zizou !

LG.com: Ton nouvel album "Tout pour être heureux" est joliment écrit ! Les textes, sous une apparente légèreté sont en fait un réel regard sur les maux de notre société, voir même un baûme. A l'écoute de ton cd, on retrouve le sourire, on aime presque son voisin... on réfléchit à sa p'tite vie de tous les jours: tu parles de politique, d'extrémismes, de guerres, de téléréalité, de publicité, du temps passé, de la cigarette, d'Amour, du travail, de la vieillesse, de la mort... es-tu philosophe, poête humoriste, un anticorps à la morosité, ou autre...?

"Bien sûr Al Qaida, Irak et l'oncle Sam,
De la fièvre et du sang, des prières et des larmes
Pourtant y a tout pour être heureux, tout pour être heureux,
Dans la publicité nos dames ont des règles bleues".
Corbier


Corbier : En fait je ne l'ai pas fait exprès. Je voulais écrire un roman qui aurait raconté les aventures d'un mousquetaire et de ses trois copains dans la jungle : Les Trois Tarzan.
Hélas, j'ai perdu le manuscrit dans le métro et comme il fallait que je gagne mon maigre pain, je me suis dit : " Mon garçon tu as le choix : ou tu fais de la boxe, ou tu fais chanteur !" Comme à côté de mon domicile il y avait un bistrot avec un juke box, j'ai compris que le ciel me faisait un signe et qu'il fallait que je me mette à la boxe ! Et j'ai pris des cours de champs car c'était à la campagne.

LG.com : Tu as sorti précédemment 2 autres albums: "Carnet Mondain" et "Toi, ma guitare et moi", le 3ème est bien plus arrangé : tu t'es entourré d'une fine équipe de musiciens et de nombreux instruments, peux tu nous parler un peu plus d'eux ? Recherchais-tu d'autres couleurs, d'autres ambiances, d'autres idées ?
Corbier
: J'avais décidé d'enregistrer seul ce nouvel album, mais mes copains Gérard Geoffroy (flûtiste de Idir) Patrick Balbin (guitariste de Lenormand) et Eric Gombard (multi-instrumentiste et guitariste de moi) m'ont convaincu qu'il était temps d'instrumentaliser mes chansonnettes. Je les ai laissé faire mais il a fallu qu'ils me payent pour que le disque sorte dans cet état. D'autres musiciens qui avaient été contactés pour participer à cette aventure se sont défilé le 14 Juillet et s'en mordent encore les doigts.

LG.com : Ce nouveau disque me semble plus optimiste ?
Corbier : Ce disque n'est pas d'une profonde tristesse, mais de là à dire qu'il est optimiste est à mon sens une vue de l'esprit. Les arrangements sont joyeux et beaux, mais on devine tout de même derrière les mots une sorte de désespoir. Enfin, c'est comme ça que je le ressens. J'en ai parlé dernièrement avec un ami qui s'est suicidé deux heures après avoir écouté d'une traite l'album. Je ne veux pas y voir un signe, mais je n'ai plus guère de nouvelles de plusieurs copains qui m'avaient commandé ce CD.

LG.com : Je me souviens des émissions pour enfants où tu chantais accompagné de ta guitare, tu devais être le seul animateur guitariste du petit écran que nous, les mômes, entendions ! Peut être qu'inconsciemment plein de gosses ont joué de la guitare grâce à toi !? ou à cause ? (rires)... Comment es-tu entré avec ta gratte dans notre écran ? J'ai cru comprendre que ton premier métier était chansonnier; tu écrivais beaucoup de textes et même Brassens et Le Forestier t'ont encouragé!
Corbier
: Bon alors voilà : En fait, j'écris des chansons depuis 1961 et peut-être même avant ça. J'avais écrit quelques chansons que je suis allé montrer à Brassens, c'était un truc qui se faisait à l'époque, on allait en coulisses du music hall où passait la vedette à laquelle on désirait montrer notre travail, et on chantait nos oeuvreuttes. Brassens n'ayant pas vômi en m'écoutant j'en ai conclu que ce ne devait pas être si mal que ça.
J'ai appris que depuis il était mort, mais je n'y suis pour rien.
J'ai fait quantité de cabarets, je suis allé chanter au Québec, en Afrique, en Amérique Latine j'ai fait l'Olympia, et puis un jour de l'année 81, la maman d'Antoine Decaunes (Jacqueline Joubert) m'a vu dans un théâtre de chansonniers qui n'existe plus je crois (Le Caveau de la République) et elle m'a demandé de participer à des émissions de télévision destinées à la jeunesse en compagnie de Dorothée : Récrée A2. Je ne savais pas qui était Dorothée, mais j'ai accepté avec enthousiame, persuadé que ça ne durerait que quelques semaines... En fait j'y suis entré le premier mercredi de Janvier 82 et j'en suis sorti, volontairement en 96. Soit au bout de quatorze années. Mon avocat était un minable ! Je n'aurais pas du faire plus de six mois.

LG.com : Depuis quand joues tu de la guitare? tu as un jeu "picking" simple et efficace, comment es-tu venu à cette technique ? Marcel Dadi ? des guitaristes américains ? Tu as une manière bien à toi de conter les évênements de la vie, accompagné par ta guitare, comme le faisait les guitaristes folk-blues. Peux-tu nous parler de tes inspirations musicales ?
Corbier
: Si les questions deviennent sérieuses, je vais être obligé de m'appliquer. En fait au début, je pensais que la guitare servait uniquement pour jouer au ping-pong. J'ai emprunté un filet à mon boucher et je me suis lavé les oreilles. J'avais seize ans. Mon rêve aurait été de jouer de la guitare comme Claude Debussy, mais je n'ai jamais réussi à obtenir son adresse. Un jour alors que j'écoutais les images de la radio, j'ai vu jouer Mississipi John Hurt, et je me suis rendu compte qu'il ne soufflait pas dans la guitare comme je m'y essayais depuis plusieurs semaines, sans grands résultats d'ailleurs, mais qu'il plaçait ses doigts sur les cordes et qu'en les pinçant ça faisait des jolis bruits. Quelques temps plus tard je me suis aperçu que Marcel Dadi faisait la même chose et que ça rendait là aussi des jolis bruits.
Alors je me suis acheté des cordes, et j'ai essayé de reproduire ce que j'avais entendu. Au début, comme je ne jouais pas très bien, pour qu'on n'entende pas le son de ma guitare, je me suis mis à raconter des trucs avec ma bouche et quelqu'un m'a dit que ça s'appelait des chansons ! Hélas la Stard Ac n'était pas encore inventée... alors j'ai travaillé avec l'espoir de m'améliorer.

LG.com : Pour toi, la guitare est-elle un outil de composition ? trouves-tu d'abord une mélodie, un balayage qui te sert de base ou bien écris-tu tes paroles sur lesquelles viennent se poser accords et notes ?
Corbier
: Je m'amuse à faire des suites harmoniques et j'invente des histoire qui se collent dessus. Quand j'ai trouvé puis écrit toute l'histoire, je refais une musique et dans ces cas là le texte ne colle plus et je le refais...
C'est vrai ! Je ne compose pratiquement qu'avec la guitare. J'ai essayé fut un temps avec des cimbales, mais ce n'était pas très harmonieux et on n'entendait pas ce que je chantais. J'ai vite laissé tomber.

LG.com: Tu joues du ukulélé dans le morceau "Règles bleues" qui ouvre l'album; comment es-tu venu à ce joli petit instrument hawaïen ?
Corbier
: Je suis très grand. Enfin, pas petit. Je mesure un mètre quatre vingt quatre les jours de pluie. Un jour j'ai vu un ukulélé dans la vitrine d'une boutique. Je suis entré dans le magasin persuadé qu'on allait me le vendre avec Marilyn Monroe. J'ai payé et je me suis fait avoir. En sortant de la boutique, j'étais seul avec un tout petit instrument pour un très grand corps. Rentré chez moi, j'ai composé une chanson sur cet outil, mais ça n'a pas fait venir Marilyn. Je le regrette bien, mais d'un aute côté le uke n'était pas cher et on ne peut pas se plaindre sans arrêt.

LG.com : Parle nous un peu de tes guitares et des autres instruments utilisés sur l'album.
Corbier : Nous avons utilisé :
Deux basses électriques, un accordéon, un piano, des percussions, de la guitare électrique, de la guitare classique-jazz-picking, un charengo, des flûtes, un violoncelle, des choeurs en pagaille (femmes, enfants, hommes) et un chat que nous avons du étrangler pour qu'il donne exactement la couleur que nous cherchions avec l'ingé-son Jean-Claude Bodot.
Je joue sur des guitares qui n'ont plus d'âge. Une Adamas demi-caisse, une Elecorde de chez Aria - un modèle qui ne doit plus exister aujourd'hui - et la Silent Guitare de chez Yamaha. Je joue avec des cordes Elixir 11/52. J'ai en outre la chance de fréquenter Benoit de Bretagne qui me prète ses instruments. Je n'ai qu'un regret : Il ne veux pas que je les lui vole ! C'est vache de sa part car ses guitares sont des merveilles et je n'ai pas les moyens de les lui acheter ! Salaud !!!

LG.com: Je sais que tout le monde te parle sans cesse de la période où tu étais animateur au "Club Dorothée"; 14années d'une vie, c'est quand-même quelque chose ! un règne ou presque trois mandats présidentiels ! Les "tubes" de l'époque "sans ma barbe, quelle barbe...", "le nez de Dorothée", ou encore "laissez les mamies faire" sont ils des morceaux que tu joues encore? La chanson pour enfants, c'est vraiment fini ? Comment vis-tu l'admiration nostalgique que te vouent les "grands enfants" d'une trentaine d'années qui viennent te voir en concert ?

Corbier : Je considère qu'il est extrèment flatteur d'être aimé pour des petites chansonnettes sans prétention comme celles que j'ai eues le plaisir de composer et de chanter à l'époque. Néanmoins, la vie ne s'est pas arrêtée en 1993, et j'ai continué mon bonhomme de chemin. Je ne passionne pas les radios ni les télévisions, mais comme à l'époque où j'étais à la télé je ne les intéressaient déjà pas, je ne me sens pas brimé outre mesure... Je ne chante plus ces chansons qui désormais appartiennent au public. Parfois des jeunes me demandent l'autorisation de les ré-interprèter, de les transformer en dance, en rap, en musique électronique en hard rock... Faites ce que vous voulez. Amusez vous avec ces chansonnettes elles sont à vous, pour vous.
Je fais d'autres chansons aujourd'hui... Des chansons à résonance sociale, de la satyre. Quelque chose qui pourrait se situer du côté de Brassens, Perret, Dylan ou Renaud. Un peu folk, un peu blues, une sorte de répertoire pour ceux qui ont des neurones entre les oreilles. Pas des chansons pour les pieds.
Rassurez vous ce n'est pas dangereux. On peux s'y frotter sans préservatif. Je les compose pour celles et ceux qui aiment les mots. Et il parrait même que parfois ça plaît ! Dingue non ?...


LG.com : Tu as un très joli site internet: www.francoiscorbier.com, fort fourni en anecdotes cocasses ! C'est bien sympa de pouvoir écouter ou redécouvrir tes anciens morceaux ou albums (rubrique Discographie) même une newsletter "le petit Corbinou" qui narre tes voyages, concerts, animés de sentiments et coups de gueule... on a vraiment l'impression que ce métier de chansonnier tu le vis chaque seconde, comme une vocation ? Serait-ce le plus joli métier du monde à tes yeux ?
Corbier : J'ai la chance à 62 ans bientôt d'avoir un public gentil qui m'écoute, ri et pleure avec moi. J'ai fait quasiment le tour du monde avec ma guitare. J'ai rencontré les gens que j'admirais lorsque j'étais enfant. On me reconnait un certain talent... Alors même si les fins de mois ne sont pas toujours à la hauteur de mes espérances, ce serait bien con de ma part d'aller me plaindre alors que je connais des types qui ont cent fois plus de talent que moi et ne connaîtront jamais le dixième de ce que j'ai pu vivre.
Cependant, je déconseille aux jeunes gens qui veulent faire ce métier de débuter en soufflant dans un piano à queue. C'est lourd et ça n'intéresse personne !!!

Roméo le 21/07/2006

Ses prochains concerts

Quelques sites parlant de Corbier:

http://corbier04.skyblog.com/
http://membres.lycos.fr/corbier/corbier/c_menu.htm (même une vidéo: "Les Epinards" !)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Corbier

son site internet :
www.francoisCorbier.com
contatct : francois.corbier@wanadoo.fr

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