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Pierre Bensusan
"Rendez-vous Intime"

Au triton le 20 septembre 2006
Interview
galerie photos

Le café concert le Triton initie un cycle de concerts mensuels intitulé "rendez-vous intimes" dont tu es à l'affiche pendant plusieurs mois et ce, à raison d'un concert par mois. Ma première question brûle les lèvres de beaucoup de tes admirateurs : " Alors, enfin de retour en France et à Paris pour des concerts réguliers et pour longtemps cette fois ? Ou est-ce un passage éclair avant de manquer à nouveau au public français ?

J'habite la France depuis toujours et ne l'ai jamais délaissée même si c'est à l'étranger que je tourne principalement. J'ai toujours eu, ici, beaucoup de mal à trouver des partenaires fiables et/ou solides professionnellement sur le moyen et long terme. Comme dit la maxime, "il vaut mieux être seul que mal accompagné". Ceci dit, prendre mon téléphone. pour me trouver des concerts est quelque chose que j'ai beaucoup fait à une certaine époque mais que je ne veux plus faire maintenant; alors je vais plutôt là où les structures sont solides et les tournées régulières. A force, je me suis bâti, à la force du poignet, un public dans de nombreux endroits du globe. En France, je réponds toujours favorablement à toutes les demandes et propositions car j'adore jouer ici et depuis un an, j'ai maintenant un agent avec qui j'espère développer quelque chose de solide. Je pense plutôt valoriser ces passages au Triton et remettre le couvercle dans ce même lieu en 2007-2008. Je m'y sens chez moi, c'est la force de ce lieu et de son équipe dirigeante, Jean-Pierre, Anna et Jacques Vivante.

Pourquoi avoir nommé tes concerts " rendez-vous intime " ?

On a pensé à l'appeler "résidence", terme qui se prête plus à l'élaboration d'un spectacle/création fait du tout au tout, sur place. Ce sont des RDV car je vais profiter de cette fréquence mensuelle pour essayer des choses, inviter des amis à me rejoindre sur scène, et bâtir quelque chose avec le public et ce lieu qui se prête au conteur musical qui invite l'auditeur à voyager en et hors de lui. J'aime les petits lieux car ils sont en adéquation avec ce projet, mais m'éclate bien dans les grandes salles. Dans tous les cas, tu racontes ton histoire à une personne à la fois et toujours c'est intime. Dans "in time", il y a la possibilité de "rencontrer" l'autre, quand le moment est juste.

La salle du Triton est assez étroite et ne peut accueillir plus de 180 places en fonction de la configuration. Alors pourquoi avoir pris la plus petite configuration (125 places) et pourquoi une telle salle ? pour respecter le thème " Intime " ? A quand un Olympia ?

Le Triton est étroitement lié aux gens qui ont conçu ce lieu et le font vivre par leur présence, leur investissement humain, leur compétence technique, la chaleur de leur accueil, leur philosophie de la vie. J'ai beaucoup de mal à m'imaginer jouer dans une autre petite salle sur Paris, pas à cause de la salle, mais plutôt à cause du fait que les gens derrière ces salles me laisseraient dans bien des cas sur ma faim.
J'avoue que le triton est en compétition dans mon coeur avec le petit théâtre de la galerie de Nesle, salle tenue par mon ami Jacques Bonnot, mais après, c'est une question de loyauté. Le Triton m'ouvre ses portes depuis son ouverture. Ca compte pour moi. Tu vois, j'ai envie de valoriser ma vie uniquement par la qualité des gens que je rencontre et d'entretenir ce rapport et ces relations, qu'elles aient beaucoup de lendemains. La "famille" du Triton me comble humainement et de plus les conditions techniques sont irréprochables. En plus, le club se trouve juste en face la maternité des Lilas où est né mon fils. Bientôt pour trouver la maternité, on dira qu'elle se trouve en face du Triton...

Quant à l'Olympia, en 1979, j'y jouais la première partie de Doc Watson et Marcel Dadi était gentiment venu me dire que j'étais entrain de réaliser son rêve tellement il admirait Doc. C'est un beau souvenir. Pour revenir au présent, je ne vois vraiment pas ce que j'y ferais tout de suite. Pour moi, le but de jouer dans une salle mythique telle que celle-là est de la remplir sous ton nom seul. Je te promets que si un jour j'arrive à ce stade de notoriété alors j'y jouerai - et je penserai beaucoup à mon père avec qui j'allais écouter les "vedettes de variété" dans les années 70 - mais je continuerais aussi et toujours à aller raconter mes histoires aux Lilas.

Ton album " Intuite " a eu le grand prix de l'AFIM 2002 aux USA pour meilleur album acoustique instrumental et il suffit de lire sur ton nouveau site les compliments d'artistes de renom pour se rendre compte que tu es une star de la 6 cordes. Comment expliques tu que ce succès ne soit pas si reconnu en France ?

Il y a beaucoup de choses que je ne m'explique pas en France... La France est snob avec ses artistes, les ignore, jusqu'à ce qu'elle les découvre vraiment, alors elle les aime comme la mère aime ses petits. Pourtant je l'aime ce pays et plus je le découvre et moins j'ai envie d'aller vivre ailleurs.

Hier soir au triton on a pu apprécier 16 morceaux dont 6 chansons. Tu chantes de plus en plus et ta voix est tout à fait digne de n'importe quel chanteur professionnel. Tu n'as jamais pensé récemment à faire un album totalement chanté ?

Ce sera le prochain.

On peut voir aussi sur ton site, les guitares que tu possèdes et on peut y découvrir une 12 cordes, une guitare harpe et une classique. Sur scène, par contre tu es souvent accompagnée d'une seule guitare, pourquoi ?

Parce que les tournées et le matos ont rendu mon dos fragile. Il faut que la vie en tournée soit le plus plaisante et facile possible. Trimballer deux ou trois guitares est quelque chose que je ferais volontiers si vraiment j'avais le staff pour rendre la chose possible, changer les cordes, etc. Je prends aussi beaucoup l'avion, ce facteur, à lui seul, diminue beaucoup les velléités de voyager avec plusieurs instruments. D'autre part, je suis très heureux avec une seule guitare et ai la sensation de lui faire dire beaucoup. Si j'ajoute la voix, les autres guitares ne me manquent pas vraiment.

D'ailleurs le morceau " Intuite " fait penser au oud, tu n'as jamais été tenté de jouer de cet instrument connaissant en plus ton goût pour le voyage et les rencontres ?

Sincèrement non, on peut tout à fait atteindre à l'universalité sans tomber dans le piège de vouloir mimiquer les cultures que l'on aime et dont on se sent proche. J'ai décidé il y a longtemps de me mettre au service d'un seul instrument et d'apprendre à parler à travers lui, c'est un objectif qui me prendra toute la vie. Les autres instruments m'inspirent mais justement, afin de fondre ces influences sonores et de jeu dans un vocabulaire encore plus vaste qui m'aiderait à approcher "mon" instrument" avec un grand angle.

Question d'un piètre guitariste que je suis, travailles tu toujours de nouvelles techniques à la guitare ?

Oui, des nouvelles et des anciennes... J'apprends à jouer ce que j'entends, c'est comme ça que je travaille la technique. J'improvise beaucoup et ça m'aide aussi à lier mon savoir faire et le mettre au service de quelque chose de totalement inconscient, répondre au souffle qui passe et qui n'attend pas, tu dois être prêt. En musique, le temps ce n'est pas de l'argent, c'est de la musique.

Un peu d'humour : Si on te demandait de faire un concert du début jusqu'à la fin avec une guitare accordée en EADGBE, quelle serait ta réponse ?

Je chanterais beaucoup de Dylan, je jouerais le morceau "Altiplanos" (qu'il faudra que je réapprenne) et le reste du temps serait rempli par un grand moment de silence.

Une question technique de son : Etant seul sur scène pourquoi avoir opté pour un système embarqué dans la guitare plutôt qu'un bon micro à ruban ou à condensateur ? Quel système utilises tu ?

Mon équipement de scène tend simplement à trouver le meilleur compromis qui soit, dans un contexte qui est toujours particulier. Je ne cherche pas à rivaliser avec l'équipement que j'utilise en studio, même si je suis à la recherche du son le plus top possible. Pour ce faire, je dois m'entourer d'équipement fiable, que je maîtrise, qui soit soniquement top et qui réponde présent dans toutes les configurations. Ce n'est pas le cas de certains équipements haute gamme dédiés plus au studio qu'à la scène et trop sensibles dans beaucoup de salles. Par exemple, j'utiliserais mes micros CAD en studio mais jamais sur scène. Aussi, mon son est réellement électro-acoustique, même si je pousse méticuleusement mes exigences à sonner le plus acoustique possible, c'est à travers les capteurs et les piezo que je me présente sur scène, et non acoustiquement. De plus, je suis particulièrement heureux d'utiliser le système Amulet de Trans Audio, dans la caisse et un piezo Headway sous le sillet de chevalet. Le tout relié à une pédale de volume qui débouche dans une EQ TC 1128, qui rentre dans une reverb TC M4000 avant d'aller à la console.

On ne peut que remarquer la symbiose qu'il naît entre toi et ta guitare dès que tu débutes un morceau. Quelle est ta relation avec l'instrument, es tu fidèle à une guitare ?

J'ai été fidèle à ma Lowden "The Old Lady" pendant 25 ans, donc je crois qu'on peut dire que je suis fidèle à une guitare ainsi qu'à son luthier. Maintenant, c'est l'aire de ma Ryan Signature, elle ne donne pas encore tout son potentiel mais elle se bonifie depuis 3 ans et je la joue le plus possible. La symbiose dont tu parles est que depuis longtemps, j'ai souvent oublié ma guitare, je ferme les yeux pour n'écouter que le son qui en sort et la musique sous mes doigts. La guitare et moi, on n'est que les instruments de la musique.

Qu'écoutes tu en ce moment comme musique et quels sont les artistes qui te touchent ?

Al Jarreau, Keith Jarret, la musique du film Lagan, Bill Evans avec Tony Bennet, François Couperin, Haendel... Je t'invite à aller faire un tour sur mon site à la page "Coups de Coeurs". Elle sont là les musiques que j'écoute ou ai beaucoup écoutées.

Que conseillerais tu à un piètre guitariste qui vient te voir en concert et qui a ensuite envie de mettre sa guitare dans la cheminée tellement le fossé est énorme ?

De me la vendre à un très bas prix (rires). De se dire que s'il ne vit pas son histoire, personne ne la vivra pour lui. On s'inspire tous les uns des autres, l'inspiration ne remplace pas une phase de recherche en labo avec blouse blanche. C'est du travail et de l'apprentissage des techniques que vient le plaisir, les sensations et le début d'un semblant de liberté.


Ton site internet a récemment changé de peau et est devenu une véritable banque de données tout en gardant un soin particulier dans la navigation et le contenu. Peux tu nous dire comment s'est déroulé la réalisation de celui ci et l'importance que tu apportes à un site web en tant qu'outil de communication pour un artiste ?

Je considère le webmaster avec lequel je travaille, Marc Hotton, comme aussi important que mon manager, Evelyn Cream, basée au Canada. Il est le dernier dans la liste des contacts (voir page CONTACTS) parce qu'il tient tout à bout de bras, c'est la fondation. Je lui serai éternellement reconnaissant pour tout ce qu'il m'a passé et le temps qu'il a consacré à ce projet. Non seulement, son savoir faire, ses conseils, mais également son sens pédagogique, altruiste; pour m'informer et m'apprendre à devenir plus autonome avec cet outil.

C'est ainsi que j'ai suivi plusieurs séances de formation chez lui, à la frontière Luxembourgeoise. Sa famille m'a reçu à bras ouverts. J'ai appris à rentrer du texte (en langage html), à créer des liens, à travailler la mise en page, rentrer et travailler des photos, élaborer les fonds de pages, en bref être plus réactif avec mon propre site. Marc supervisant le tout et étant en première ligne pour toutes les tâches pointues, techniques et élaborées. La formation est loin d'être terminée même si je n'oublie pas que ce n'est pas mon métier. Je travaille sur ce nouveau site depuis l'hiver 2006 et ai passé des centaines d'heures loin de mon instrument pour pouvoir maîtriser ce nouvel outil avec un minimum de réussite. Au final, je suis heureux de pouvoir enfin agir en temps réel, sans systématiquement demander le concours de tiers, en importunant Marc de moins en moins. Ca change complètement le rapport que j'ai entretenu jusque là avec le public et la manière avec laquelle je concevais mon métier.

Pour mes albums, je fais mes enregistrements selon le même principe. Mon guide est d'être le plus autonome possible et ce n'est certainement pas un hasard si je joue en solo la plupart du temps. Même si j'adore jouer avec d'autres musiciens, j'ai d'abord besoin d'exister musicalement en solitaire.

Hormis de faire connaître mon travail, le but de ce site est de me permettre de continuer de vivre comme je l'ai choisi depuis l'âge de 12 ans: de la musique, avec ou sans reconnaissance du grand public. Cela viendra peut-être un jour, mais dans tous les cas, la survie passe par la reconnaissance d'UN public. Le site permet à ce public de me rencontrer et réciproquement. Ce sera encore plus aigu dans les temps qui viennent. J'ai appris depuis longtemps l'importance de choisir son camp, de défendre une idée et qu'une communauté vienne librement établir ses quartiers autour de cette idée. J'aimerais que ce site soit un endroit de rencontre, d'échange au travers de source d'intérêt commune et d'une sensibilité particulière qui amène vers moi plutôt que vers un autre. A travers ce site, mon souhait est que cette communauté se sente "une". Je pense à un forum. Néanmoins, il y a déjà beaucoup de forums et je ne suis pas convaincu qu'il en faille un supplémentaire. Un modérateur, une personne qui veillera à la bonne éthique des propos échangés, est indispensable et je ne tiens pas, pour pleins de raisons, à prendre ce travail très prenant à ma charge. Donc, à suivre...

Je n'ai pas non plus voulu ce site "esthétique" avec pleins de grigris qui tournent dans tous les sens, qui flashent de partout. Je l'ai voulu élégant, classe, imaginatif, mais surtout très informatif et méticuleusement rigoureux, précis et efficace... Qu'il réponde pour moi aux questions, parfois nombreuses, qu'un visiteur pourrait se poser. Et que celui-ci ait envie de revenir plus tard, fouiner et trouver d'autres choses.

Grâce au site, je reçois pas moins d'une douzaine de commandes par semaine, du monde entier. Chroniquement mal distribué, aujourd'hui, le public vient se procurer directement "chez moi" ce qu'il cherche et qu'il a du mal à trouver. Je sens que beaucoup de gens sont très militants dans cette démarche. Cela m'a fait concevoir mon activité à travers ce site, comme celle d'un artisan dont la boutique serait ouverte 7 jours sur 7. Le visiteur rentre, se sent bien, va et revient, en raison du fait qu'il trouve ce qu'il cherche et de la qualité du service. Ce qui est important ensuite est de pouvoir communiquer directement avec ces personnes intéressées, sans abus et sans démagogie, avec éthique et respect. Un des buts d'un site web, à travers sa partie E-Commerce, est d'engranger des contacts, de fédérer, que le visiteur devienne un supporteur actif et qu'il se sente légitimement respecté et valorisé. Quand tu as atteint ce stade, tu as court-circuité plusieurs intermédiaires. Mon but est de créer une véritable synergie avec les gens qui ont du plaisir à écouter ce que je fais, d'avoir un rapport direct avec eux à travers le site, aux concerts et par l'écoute des enregistrements.

Avant le web, le rapport entre un artiste et "son" public était un peu comme une relation imaginaire entre un mari et une femme qui ne se connaissent pas et qui ne se sont jamais parlés. Ils se sont vus à la TV et à la FNAC, mais n'ont jamais ressenti ce qu'était un contact plus proche. Ce genre de rapport ne durerait pas très longtemps. Le web permet un contact plus direct, sain et démystifié. Et c'est à l'artiste de donner tout en préservant, autant que faire se peut, et de faire passer le message qu'on est tous en droit de préserver son temps et sa vie privée. C'est la qualité de mon investissement dans la musique qui fait que ce public vient vers moi. Si je n'ai plus le temps de me renouveler, alors à quoi bon ?! Les gens comprennent cela très bien.

Jusqu'à il y a encore quelques années, la plupart du marketing était fait au travers des médias traditionnels, stations de radios, télévision, presse spécialisée ou généraliste, etc. Je pense qu'aujourd'hui ce rapport a profondément évolué. Bien des attachés de presse n'y retrouvent plus leurs petits. Celles - c'est souvent des femmes - qui font la démarche de pénétrer le monde du web en profondeur, font le bon choix à mon sens. C'est en tout cas la démarche de Nadia Sarrai, de Kat Spirit Promotion, Maggie Greenall ou Evelyn Cream, avec lesquelles je travaille sur la France, l'Angleterre, l'Irlande ou l'Amérique du Nord. Nous sommes nombreux à nous exprimer au travers de la toile, à parler les uns des autres, les uns aux autres, à dire ce que nous pensons de nous-mêmes. Ignorer ces communautés de pensées serait absurde et contre productif. Enfin, je ne peux me permettre d'attendre que les grands médias me donnent leur attention, et j'ai le sentiment que même les annoncements radios, chroniques papier, pour des concerts ou sortie de disques, ne sont plus aussi déterminants que dans le passé. Même si je continuerai toujours de respecter les medias traditionnels, de les approcher pour recueillir leur suffrage, force est de constater qu'ils ne font plus autant la pluie et le beau temps quant à la poursuite d'une carrière. La plupart des gens qui écoutent ou lisent les supports traditionnels n'y prêtent pas toujours une grande attention de toutes les façons. Ce que le web me permet est d'atteindre ceux pour qui ça compte.

Mon site est mis à jour quotidiennement, imperceptiblement, parfois avec de gros apports, telles que des vidéos, extraits de concerts, nouvelles réactions dans la presse traditionnelle ou sur le net, avec des liens, apports dans le blog (journal des expériences et rencontres que je peux enfin partager), apport de nouvelles photos, etc. Je tiens aussi à ce qu'il y ait des films courts, des musiques, des partitions et des ateliers instrumentaux libres d'accès. Avec Marc, nous réfléchissons à la manière d'éviter les fichiers lourds pour que le visiteur n'ait pas à attendre des plombes. Il faut que tout cela soit dynamique et que la première impression soit positive et qu'elle le reste jusqu'au bout. Au final, le but ultime est de fidéliser l'auditeur/visiteur pour qu'il revienne toujours. Un site est gratuit, c'est par essence un espace libre où les visiteurs payent en donnant de leur temps. Ce choix qu'il font de me rendre visite doit être valorisé par la qualité des éléments que nous mettons à leur disposition, mais aussi par leur faire sentir que ce site est ouvert et qu'en aucun cas, le visiteur est pris au piège d'une nature exclusive et jalouse. Tu remarqueras qu'il y a des liens partout pour aller vers les autres: dans la page LIENS, le BLOG, les pages COLLABORATIONS ("quel drôle de mot !") et COUPS DE COEUR. Je tiens à partager avec le plus grand nombre, les musiques, les rencontres, mais aussi les lieux et les espaces qui m'ont apporté quelque chose, qui m'ont fait me "réveiller moins bête que je me suis couché" (expression picarde). Plusieurs de ces travaux entrepris seront perceptibles très prochainement: de la matière pour les yeux, les sens, le coeur et la pensée.

Les jours où l 'Artiste était une personne "supérieure" sont terminés. L'acte d'être "reconnu" aujourd'hui est une chose totalement différente de ce que nous avons connu dans les années 70, 80 et 90. On peut vivre de son art sans avoir atteint le sommet des "charts". Le monde du show biz a évolué, souffert, le monde du disque souffre encore terriblement et doit s'adapter, le téléchargement demande à chacun de se repositionner. L'artiste devient plus maître de sa création et peut faire face, seul, à une communauté qu'il espère toucher et amener vers lui. Le web permet cela. Mais pour moi, il ne fait aucun doute qu'au final, c'est la scène, les voyages, les tournées, les musiciens qui "font", sans filet, devant un public, qui tireront leur épingle du jeu.

Nous annonçons tous les ans sur laguitare.com tes stages résidentiels. Quelles sont tes motivations et tes objectifs ? changent-ils d'une année à l'autre ? As tu déjà découvert de vrais talents cachés parmi tes stagiaires ?

Au début, mes idées s'organisaient et se structuraient. Je travaillais de façon empirique, parfois désordonnée. Il m'arrivait d'être impatient, voire désagréable, de faire preuve de "brutale honnêteté". Maintenant, mon souci est que celui qui vient à mes stages ou masterclass approche bien l'instrument. Que quelque soit l'accordage, il le fasse sonner, respecte son identité, apprenne à reconnaître l'outil qu'il a dans les mains et à l'utiliser au mieux. Enfin, qu'il (ou elle) exprime ce qui vient de l'intérieur, en gardant vivace la notion de plaisir, confiance en soi, ténacité, patience, et d'écoute. Le but étant un amour de la musique encore plus grand et l'envie de toujours chercher et mieux faire.

Je me positionne comme "un facilitateur", un "passeur" et essaye de créer des options, des angles de visions différents pour mes visiteurs. Ces rencontres m'apprennent à m'exprimer de façon claire et précise, en mettant des mots et des images là où il n'y a que des sons et des gestes. J'ai remarqué que le langage aidait à l'identification et la reconnaissance de la tâche à accomplir. C'est un travail sur l'écoute, la tolérance, la générosité, la patience, la rigueur, la responsabilité et le partage. C'est aussi l'occasion de faire de belles rencontres. J'ai eu de vrais talents qui ont fait le voyage. C'est un grand plaisir d'oublier les notions de technique pure pour ne plus se focaliser que sur des options et des choix artistiques. De faire des propositions sur l'interprétation, la sonorité, la manière d'arranger, de composer, de choisir les doigtés et répartir les chants. Quand on en est là, le but est atteint.

Quand la musique parle, tout le monde la reconnaît, le silence se fait, et il n'y a plus rien à dire. J'aime voir poindre sur le visage d'un étudiant le bonheur d'être capable de "faire" de la musique.

Jacques Carbonneaux le 27/09/2006

Le site web de Pierre Bensusan

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