Après le succès de la tournée de Crosby&Nash, on attendait avec impatience celle de Crosby Stills & Nash. Avec impatience, certes mais aussi avec beaucoup d'appréhension concernant la prestation de Stephen Stills ravagé par vous savez quoi ! A l'appréhension et l'impatience s'ajoute la curiosité car Stephen Stills a profité de ce concert unique en France pour sortir son dernier album"Man Alive". La sortie de cet album en France précède la sortie internationale ! Que nous vaut cet honneur, mise à part l'intérêt commercial que l'on peut aisément comprendre ?
Le titre de cet album en dit long "Homme en vie", tout comme le fait de voir CSN sur scène en début de tournée à Paris, moins de trois mois après la tournée de CN. La réponse vient peut être du fait que Stephen Stills avait envie de régler ses comptes avec son public et en particulier le public français touché, il y a quelques mois, par l'intervention télévisée de Véronique Sanson qui n'a pas épargné son ex-époux avec des révélations sur celui-ci assez choquantes !
Elle est là ce soir et une chanson lui est dédiée ! Oublions cela, je ne suis pas là pour parler de l'homme mais de l'artiste.

On peut d'ores et déjà se rendre compte que ce concert aurait pu s'appeler Stills, Crosby & Nash plutôt que CSN !! Ma foi, attendons et laissons la scène s'exprimer !

Alors !? Mr Stills, c'est vraiment la fin ?
Stephen Stills s'installe au clavier et dédie la chanson qui suit "Ole man trouble" à Véronique Sanson. Ma première impression a été de vouloir me mettre les mains sur les oreilles et oui je sais, c'est désolant, mais pas autant que sa voix je vous assure !

A vrai dire, depuis plusieurs années les interventions scéniques de Stephen Stills ont assis la certitude qu'il ne pouvait plus chanter comme avant certes, mais plus grave encore, qu'il ne pouvait plus chanter du tout de façon audible. A l'écoute de cette chanson où seule la voix de Stills est mise en avant, on se rend compte, malgré tant d'a priori, qu'il trouve enfin la façon qu'il faut pour obtenir de sa voix, l'émotion, une certaine justesse et la puissance d'antan. A cet instant, je peux vous assurer que je suis
resté bouche bée avec un sentiment confus de bonheur et de surprise. Certes, il n'est pas au top et sa voix n'est pas parfaite mais nom de Dieu ! il essaye vraiment de combattre les démons qui lui ont niqué la voix et ça sonne ! Cette chanson issue de son dernier album et écrite par "Booker T. Jones Jr" nous rappelle la belle époque de ses premiers albums ou Gospel, folk et rock nous faisaient alors découvrir une des références des seventies.

L'entracte est bien venue et nous voilà partis en chasse d'une bière en s'en grillant un(e) petit(e) ! c'est alors l'occasion de croiser bon nombre de "people" comme Véronique Sanson, Giblert Montagné, Jean-Pierre Kalfon, Francis Lalanne, Guillaume Durand et quelques autres journalistes du petit écran! Pas étonnant, ces dinosaures là sont tout de même une sacrée référence dans l'histoire du rock.

Reprise du concert avec le fameux "Southern Cross" superbe en studio mais jamais correctement interprété sur scène. Ils n'ont pas failli à la tradition, Stills est catastrophique et c'est à ce moment que je me dis dans ma tête, premièrement : "Shut up Stills !!!" et deuxièmement "ce gars chante et maîtrise mieux ses nouveaux morceaux seul que les anciens avec CN". Etat de fait qui ma foi est mieux qu'un Stills à côté de la plaque au sein d'un CSN poussif .

Et la guitare, alors, jamais t'en parle ?!
Si, si on y vient, doucement oh ! c'est peut être la dernière fois que l'on voit nos sexagénaires du rock sur une scène en France, alors permettez moi de prendre mon temps. Comme à l'habitude du CSN électrique, c'est un vrai défilé de guitares qui éblouit nos petits yeux écarquillés ! Près d'une vingtaine de différentes guitares passent entre les mains de CSN et de Pevar. Sur certains morceaux, ce n'est pas moins de 5 fender (télé et strat ) qui trônent sur scène !
Chose qui m'a toujours étonné, c'est Graham Nash, le moins bon guitariste du trio, qui joue sur les guitares les plus originales (dont je ne pourrais, d'ailleurs, vous donner les marques). Concernant Crosby, Stills et Pevar ce sont les éternelles Fender, Gibson, Martin, Grestch qui prennent place sur scène. A si, chose étonnante : Stephen Stills sur une acoustique solid body style "Godin". La prestation, tant attendue, de Stephen Stills à la guitare n'a pas été à la hauteur de ce qu'on connaît de ce grand maître de la six cordes. Quelques bonnes interventions trop souvent noircies par d'innombrables fausses notes et perte de rythme.

Où en sommes nous déjà ? Ah oui, début de deuxième partie, c'est au tour d'un " helplessly hoping " tout aussi poussif et vocalement massacré, une nouvelle fois, par Stephen Stills qui précède un "Lay me Down" pas si bien tenu que ça par Crosby et Nash. Vient ensuite Graham Nash en lead vocal avec une de ses belles mélodies pop anglaise issue du dernier CN.
Magnifique !

De Stephen Stills à Joe Cocker
Ouf ! on se sent mieux et c'est au tour de Steve Stills de partir sur cette acoustique solid body pour un long set de son dernier album, "Spanish suite", les riffs sont accrocheurs et la voix de Stills sonne alors comme sur "Ole man trouble", Stephen Stills a donc trouvé sa nouvelle façon de "bien" chanter : comme Joe Cocker ! Cette chanson chantée mi-espagnol, mi-anglais, est un style que Stills a toujours affectionné et il s'en sort très bien. Même si on sent qu'il est au bord de la syncope, l'émotion est là, et bien là ! A cet instant du concert, je me sens soulagé et je prends tout simplement plaisir à être là, les yeux et les oreilles directement connectés sur cette scène...

Au tour de Crosby de balancer, comme à son habitude, quelques critiques caustiques sur la politique de son pays avant de se lancer dans "don't dig here" du dernier CN. Le mythique "Love the one you're with" est massacré encore une fois par la voix de Stephen Stills mais le non moins mythique "Almost cut my hair" donne enfin la vraie dimension du talent de CSN. J'oublie tout le reste et là, je prends un vrai plaisir qui ne s'arrêtera pas avant la fin du concert avec "Chicago", " Wooden ships " et en rappel "Woodstock" et le traditionnel "Teach your children"...

En résumé
C'est donc un concert inégal auquel je viens d'assister pendant plus de 2h45 dans un palais des congrès totalement plein d'un public de tous âges (beaucoup plus de jeunes qu'à CN au casino de Paris). Si l'entité Crosby&Nash tient encore la route après tant d'années et d'embûches, ce n'est pas le cas de celle de Crosby Stills & Nash. Ce concert, s'il n'avait pas été ponctué par certaines perles du dernier Stills, aurait été pathétique. Alors après CN, CSN à quand un CSNY en France ?

- Galerie photos du concert
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